Il est difficile d’imaginer qu’il existait une autre réalité avant l’avènement de la crise économique et de la peur qu’elle a engendrée. Mais en faisant le bilan de l’année qui s’achève, particulièrement de la portion qui a précédé tout ce fouillis, on constate que cette année a été marquée par un merveilleux sens de militantisme syndical qui a porté ses fruits et par des styles de gestions qui semblent avoir bien fonctionné.
Parce que la CBC/Radio-Canada est un employeur si important pour ce syndicat et même pour le pays, le fait que Hubert Lacroix semble diriger la Société et ses syndicats vers une nouvelle paix mérite amplement une mention dans notre bilan de fin d’année. Monsieur Lacroix a amorcé son mandat de président de la CBC/Radio-Canada le 1er janvier de cette année. Contrairement à son prédécesseur, il ne semblait pas inquiet des soi-disant ennemis du secteur privé ou du Parlement. Il ne semblait pas croire à la théorie de l’Apocalypse. Sa priorité pour l’an un de son mandat allait être les gens. Nous. Il n’a pas simplement parlé « de donner priorité aux gens », il a focalisé sur un changement de culture de gestion d’entreprise. Il a rendu les hauts dirigeants redevables des problèmes de ressources humaines et de relations industrielles.
Et nous avons maintenant une entente de principe à Radio-Canada pour remplacer la convention qui devait s’appliquer jusqu’en mars 2009. De plus, depuis le début de l’année, des douzaines de griefs ont été réglés. La liste des plus de cent cas qui allaient se rendre à l’arbitrage est maintenant rendue à moins de dix cas.
Je crois que cette approche tombe à point dans un contexte de difficultés économiques. Il faudra que tout le monde mette les mains à la pâte, travailler ensemble, pour passer au travers de cette crise. La relation de respect que nous voyons à La Presse canadienne, qui exige énormément de travail de part et d’autre, est similaire et sera cruciale dans les mois à venir.
C’est dans ce contexte que les revendications syndicales entrent en jeu. Au cours des deux dernières années, la Guilde a dépensé temps et énergie pour convaincre le CRTC que l’information locale est en péril au Canada et que ce secteur a besoin d’aide. Au mois d’octobre, le CRTC a annoncé la création d’un nouveau fonds de 60 millions de dollars pour les radiodiffuseurs qui produiront plus de programmation locale et régionale. (Plus de détails dans le présent numéro). Il s’agit de ressources pour tout radiodiffuseur qui amélioreront leurs bulletins locaux d’information dans des marchés de moins d’un million de personnes. Le CRTC a lié sa décision à des propositions de la Guilde.
Pendant ce temps, les comités de toutes nos sous-sections ont connu beaucoup de succès à négocier et à faire respecter de bonnes conventions collectives. Nous avons conclu de nouvelles ententes à CW Television (anciennement Alliance Atlantis), TVOntario, TFO et à l’Agence-France Presse. À Radio-Canada, un comité responsible des employés temporaires a travaillé avec la direction à convertir des douzaines de postes temporaires ou à contrat en postes permanents. Ces résultats ont requis beaucoup de travail acharné et minutieux.
Toujours à Radio-Canada, il y a eu une entente historique sur le partage dans l’éventualité prochaine de surplus de la caisse de retraite. Nous croyons que la Radio-Canada/CBC est le seul employeur en Amérique du Nord à avoir une telle entente avec ses syndicats. C’est un signe des temps nouveaux mais c’est aussi le résultat du travail ardu d’un comité mixte.
Mais il n’y a pas que le travail discret des comités. Plus de 200 délégués de la GCM se sont réunis en mai à Toronto lors de notre congrès tenu à tous les deux ans. Le congrès a donné son aval à une augmentation additionnelle de 5 dollars par mois de la cotisation syndicale pendant un an, qui est effectif maintenant, et à un référendum qui vise à éliminer progressivement sur une période de 10 ans le montant maximal de cotisation à 1 500 dollars. Ce référendum se tiendra au début de l’an prochain. Le mois dernier, le Comité exécutif national a approuvé l’embauche d’un nouvel agent administratif qui sera principalement responsible des questions de droits de la personne et d’équité. Ceci fait suite à une motion adoptée au congrès de 2006 à Calgary. L’embauche devra se faire au printemps 2009.
D’une certaine façon, en envisageant cette nouvelle embauche, nous allons à l’encontre du pessimisme ambiant. Nous savons que les entreprises médiatiques sont en général dans un bien piètre état. Canwest a aboli le 23 novembre 650 postes, touchant 23 membres de la Guilde qui travaillaient à CW Television. D’immenses conglomérats médiatiques comme le Tribune Co et le New York Times sont vulnérables et cherchent différentes formes de protection contre leurs créanciers. Un groupe de dirigeants de la GCM assisteront à la Conférence sur l’avenir de l’industrie qui aura lieu à Baltimore où se trouve un des nombreux quotidiens don’t la survie est menacée. Nous faisons face à des défis de taille et nous aurons besoin de toute la collaboration et de tout le militantisme que nous avons générés cette année.
Lise Lareau est la présidente nationale de la Guilde canadienne des médias.