La deuxième tentative en deux ans de demander au Parlement d’adopter une loi interdisant le recours aux travailleurs de remplacement durant les grèves et lock-outs fera l’objet d’un vote en Chambre le 25 octobre. La Guilde canadienne des médias appelle ses membres, dont la grande majorité travaillent pour des employeurs relevant de la compétence fédérale et qui seraient donc régis par la loi, à demander à leurs députés d’appuyer le projet de loi.
« La dernière fois, les travailleurs ont quasiment réussi à faire adopter cette loi contre les briseurs de grève et il est important qu’elle passe cette fois-ci » a déclaré Arnold Amber, président de la sous-section SRC de la GCM et membre du Conseil exécutif du Congrès du travail du Canada. « Imaginez la colère que nous aurions éprouvée l’an passé durant le lock-out de la SRC si, alors que nous défilions dans la rue, on avait fait venir des briseurs de grève pour faire notre travail. La direction de la SRC ne l’a pas fait, mais la loi est nécessaire pour empêcher que cela n’arrive à des groupes quelconques de travailleurs. »
Le CTC a lancé une campagne nationale pour appuyer le projet de loi du Bloc Québécois déposé par le député Richard Nadeau.
« Les résultats des recherches sont clairs : le recours à des briseurs de grève pendant des grèves ou des lock-outs allonge les conflits de travail et les rend souvent plus violents, » affirme Ken Georgetti, président du CTC. « Il fait piétiner les négociations, sème la dissension dans les communautés et incite les gens à s’emporter. Il cause la perte de centaines (et souvent de milliers) de journées de travail, ce qui nuit à tous. »
Et il ajoute « Les travailleurs et les travailleuses qui voient une personne voler leur emploi éprouvent de la colère, une amertume et un ressentiment qui nuisent au moral et à la productivité pendant des années. Du point de vue des employeurs, la faible minorité des cadres qui font appel aux briseurs de grève donne un mauvais exemple et fait reculer les relations de travail canadiennes jusqu’au dix-neuvième siècle ».
Aussi éprouvant qu’ait été le lock-out de la SRC pour le moral des membres de la Guilde et aussi difficile à vivre sur le plan financier, les choses auraient pu être pires. En 2005, les employés de Telus de l’Alberta et de la Colombie-Britannique ont eux aussi été cadenassés, à la différence que l’employeur a fait appel à des briseurs de grève lorsque les travailleurs ont érigé des piquets de grève. À la SRC, il a fallu 18 mois, dont deux passés à piqueter, pour obtenir un règlement négocié. Dans le cas de Telus, cela a pris cinq ans, dont quatre mois de piquetage. La Telecommunications Workers Union a déclaré que l’employeur avait prévu d’engager des travailleurs de remplacement dès l’automne 2003, en cas d’un arrêt de travail.
Vidéotron, entreprise de câblodistribution et filiale de Quebecor, a aussi utilisé des travailleurs de remplacement durant une grève qui a eu lieu au Québec en 2002-2003. En 2004, Aliant en a fait de même lors d’une grève dans le Canada atlantique.
Telus a incité les travailleurs en lock-out à franchir leurs propres piquets de grève en leur offrant des téléphones cellulaires et lecteurs MP3 gratuits. Le syndicat a déclaré que Telus avait aussi versé aux briseurs de grève une rémunération supérieure à celle offerte à la table des négociations. Durant le lock-out, l’entreprise a aussi fait appel à des agents contractuels et des cadres en retraite.
L’amertume créée par le franchissement des piquets de grève est perceptible dans le billet de blogue du 28 octobre 2005 de « robSource, » un membre de la TWU victime du lock-out.
« Et les briseurs de grève? J’espère que vous savez tous que chacun de vous contribue grandement à la perte du pouvoir de négociation du syndicat. Cela a un effet direct sur votre sécurité d’emploi et votre propre portefeuille. Décidément, je n’arrive pas à comprendre cette perspective à courte vue et je crois que je n’y arriverai jamais », écrivait alors robSource.
« Beaucoup d’entre vous disent « On ne peut pas donner de garantie d’emploi. » Je ne demande pas qu’on me promette un emploi à vie. Ce que je demande c’est que s’il y a du travail à faire qui est essentiel à la bonne marche des affaires de Telus, ce soient les employés de Telus – ceux qui ont bâti l’entreprise – qui le fassent. Si on n’a pas besoin du travail, c’est correct. Mais s’il y a du travail, c’est nous qui devrions le faire. »
Nous vous engageons à appeler votre députée ou député ou à lui écrire pour lui demander de voter en faveur du projet de loi C-257, si vous êtes en position de le faire. Nous nous attendons à ce que le vote soit serré – le dernier projet de loi contre les briseurs de grève a été défait par une différence de 12 voix – donc chaque voix est importante. La GCM comprend que certains de ses membres, surtout ceux qui travaillent comme journalistes, puissent se sentir empêchés de prendre part à cette campagne. Toutefois, si vous vous trouvez dans cette situation, nous vous suggérons d’envisager de transmettre ce message à votre famille et à vos amis.
Pour de plus amples renseignements ou pour discuter de la question, veuillez communiquer avec la Guilde (info@cmg.ca) au 416 591-5333 ou au 1 800 465-4149. Pour savoir comment les députés ont voté sur la question au cours de la dernière législature, en avril 2005, visitez www.quivotequoi.ca/vote.php?id=75.