Oui à CBC/Radio-Canada, non au PTP: Appel à l’action en 2015
Par Martin O’Hanlon, Président du CWA/ScA Canada
Il est toujours risqué d’y aller de prédictions pour la nouvelle année.
En janvier dernier, j’avais prédit qu’en 2014, le secteur des quotidiens aurait traversé le pire de la tempête et que la situation allait enfin commencer à s’améliorer.
Disons que la réalité m’a donné à moitié raison.
La dernière année, tout comme la dernière décennie d’ailleurs, s’est avérée passablement difficile pour l’industrie des médias. Nous avons été témoins de douloureuses coupes effectuées chez plusieurs employeurs, CBC/Radio-Canada et le Chronicle Herald de Halifax en ayant particulièrement subi les contrecoups.
À Halifax, une salle de rédaction fière et dynamique fut considérablement ébranlée et affaiblie à la suite de coupes sévères qui furent imposées sans avertissement, empathie ou délicatesse.
Du côté de CBC/Radio-Canada, ce sont des centaines de nos collègues qui se retrouvent sans emploi. À moins qu’un nouveau gouvernement ne vienne y injecter des fonds suffisants, la survie de notre radiodiffuseur public est tout sauf assurée.
En ce début de l’année 2015, je demeure confiant que des améliorations se pointent à l’horizon. Toutefois, nous ne pouvons nous permettre de demeurer passifs en espérant que les choses prendront une tournure positive. Nous devons nous porter à la défense des emplois et du journalisme, et mettre en branle un mouvement prônant la justice sociale et économique. Si nous ne le faisons pas, qui s’en chargera?
Chacun-e d’entre nous a un rôle à jouer. Une fois de plus, je demande à chaque membre de CWA/SCA Canada de contribuer – ne serait-ce que de façon modeste – au lancement de nos deux nouvelles campagnes.
La première, visant la protection de CBC/Radio-Canada, a déjà été amorcée sous la direction de notre plus grande sous-section : la Guilde canadienne des médias.
Son objectif, en cette année d’élections fédérales, est de placer la radiodiffusion publique de qualité au cœur des débats.
Voilà des années que CBC/Radio-Canada est privé des fonds nécessaires à l’accomplissement de son mandat, défini par la loi fédérale.
Le gouvernement conservateur de M. Harper, tout en se gardant bien de porter un coup fatal à CBC/Radio-Canada, ne craint pas d’afficher son mépris pour la radiodiffusion publique. À moins qu’il ne change d’orientation ou que nous ayons un nouveau gouvernement qui s’engage à l’égard de la radiodiffusion publique, CBC/Radio-Canada est voué à disparaître.
C’est là une perspective inconcevable qui porterait un rude coup à la culture canadienne. Ce serait la fin des bulletins de nouvelles de CBC/Radio-Canada, et il y aurait bien moins de journalistes pour surveiller le gouvernement, les politiciens et les personnes d’influence des entreprises.
Ce serait catastrophique pour la société et la démocratie et nous devons tout faire pour éviter que ça se produise.
Alors, que pouvons-nous faire?
Durant les semaines et les mois à venir, nous ferons savoir par courriel, surTwitter et Facebook, et au moyen d’affiches sur vos lieux de travail de quelle manière vous pouvez apporter votre contribution.
Il pourrait s’agir de :
-participer à une manifestation pour la protection de CBC/Radio-Canada
-signer une pétition en ligne;
-nous rejoindre sur Facebook;
-republier des messages sur Twitter;
-faire savoir à votre député-e provincial-e que CBC/Radio-Canada, c’est important pour vous.
Notre seconde campagne vise à empêcher le Canada de signer l’accord du Partenariat transpacifique (PTP), une entente « commerciale » qui se négocie actuellement en secret.
Le PTP n’a d’ailleurs rien d’une entente commerciale – il s’agit plutôt d’un arrangement entre entreprises, qui leur conférerait des pouvoirs sans précédent à l’échelle internationale. Les négociations font la part belle aux entreprises, les représentants élus n’ayant que la portion congrue. Quant aux dirigeants syndicaux et aux spécialistes de l’environnement, il n’en est même pas question.
Alors que le PTP aurait des répercussions majeures pour le Canada, pratiquement personne n’en parle. Il faut faire en sorte que ça change.
En vertu du PTP :
-Les entreprises étrangères seraient habilitées à contester les lois canadiennes (sur l’environnement, la sécurité, etc.) en contournant les tribunaux canadiens et en s’adressant directement à des tribunaux internationaux qui, à l’abri des regards, auraient le pouvoir d’outrepasser la souveraineté canadienne.
-Le Canada perdrait des milliers d’emplois supplémentaires avec la délocalisation outre-mer des entreprises, en particulier vers le Vietnam, où les travailleurs du textile gagnent à peine 50 cents de l’heure.
Qu’il s’agisse de la campagne pour protéger CBC/Radio-Canada ou de la campagne de sensibilisation aux dangers du PTP, il nous faut créer un mouvement englobant d’autres progressistes : organismes communautaires, groupes sociaux, étudiants militants, écologistes, dignitaires religieux…, bref tous ceux avec qui nous avons des intérêts communs.
Là encore, au cours des mois à venir, nous vous ferons savoir, par courriel et sur les médias sociaux, de quelle façon vous pouvez apporter votre contribution.
Chaque personne et chaque geste comptent. En œuvrant de concert, nous avons le pouvoir de faire bouger les choses.
En 2015, faisons notre part pour protéger les emplois de qualité, défendre le journalisme de qualité – et contribuer au mieux-être de notre pays.
Martin O’Hanlon est le président de CWA/SCA Canada, le syndicat principal de la Guilde