Lors d’une assemblée du personnel qui s’est tenue aujourd’hui, la Société Radio-Canada a annoncé qu’elle allait mettre en vente tous les biens immobiliers qu’elle possède dans l’ensemble du pays, dont les grands studios de production de Montréal et de Toronto. Ces édifices, payés par les contribuables canadiens, étaient destinés à permettre au radiodiffuseur public de produire des émissions canadiennes originales et de qualité dans le seul intérêt du public. Cette annonce vient confirmer la volonté de priver CBC/Radio-Canada de cette capacité.
« La décision de fermer les centres de production suscite de vives inquiétudes chez nos membres, comme elle devrait en susciter chez tous les Canadiens, car elle compromet gravement la capacité future de CBC/Radio-Canada à faire des productions de qualité, a indiqué Marc-Philippe Laurin, président de la sous-section CBC/Radio-Canada de la Guilde canadienne des médias (la Guilde). Nos membres considèrent que le radiodiffuseur public ne peut pas se contenter de faire de la distribution : il doit aussi faire de la production. Ce plan constitue une menace pour la pérennité des documentaires et des dramatiques primées et d’autres productions de qualité à CBC et Radio Canada. »
Il est fort probable que ces décisions résultent des énormes difficultés financières auxquelles est continuellement confronté notre radiodiffuseur public national, un fait que le président de CBC/Radio-Canada, Hubert Lacroix, a reconnu ce mois-ci.
« C’est absurde d’envisager une telle décision maintenant, alors que trois des quatre partis nationaux promettent de restaurer ou d’accroître le financement de CBC/Radio-Canada, a déclaré Carmel Smyth, présidente nationale de la Guilde. Pas plus tard qu’aujourd’hui, le Parti libéral s’est engagé à augmenter le financement de CBC/Radio-Canada de 150 millions de dollars. Il y a quelques mois, le Parti vert a promis une augmentation de 285 millions de dollars, tandis que le NPD affirme qu’il annulera les coupes de 115 millions de dollars. Alors, pourquoi se précipiter pour prendre cette décision irréversible? »
Comme l’a déclaré Pierre Juneau, ancien président de la SRC et figure de la scène culturelle canadienne :
« La télévision publique ne peut pas être seulement un programmateur d’émissions. L’éthique particulière qui guide cette radiotélévision demande que ses émissions soient conçues avec un souci particulier. Cette exigence implique que le diffuseur public s’engage aussi dans le champ de la production audiovisuelle. Bien que la radiotélévision publique puisse acheter ou commander certaines de ses émissions, la présence d’une production « maison » qui lui est propre non seulement garantit que les émissions répondront adéquatement aux desseins du diffuseur, mais assure aussi la pérennité d’une expertise – certains diraient une « culture » de création – propre au diffuseur public. »
Et comme l’a fait remarquer le directeur parlementaire du budget en début d’année, les ventes d’actifs ne constituent qu’un remède temporaire : « Le produit des ventes d’actifs […] permet [à la SRC] de différer partiellement en cours d’exercice son recours à ces crédits [parlementaires] ».
La SRC a aussi supprimé plus de 2 800 emplois depuis 2008 et elle envisage d’en supprimer encore 1 600 d’ici 2020.
Parti Vert :
https://www.greenparty.ca/sites/default/files/plateforme_francais.pdf (page 22)
Parti Libéral:
https://www.liberal.ca/fr/les-liberaux-investiront-dans-la-culture-canadienne-et-les-emplois-pour-la-classe-moyenne/
NPD :
http://www.npd.ca/nouvelles/le-npd-retablira-le-financement-de-radio-canada