Version française de la lettre envoyée à la rédaction du quotidien National Post
La chronique de Colby Cosh publiée dans le quotidien National Post sur la Commission de vérité et réconciliation du Canada cette semaine comporte de nombreux problèmes.
Fort probablement, ceux qui ont pris le temps de lire le rapport de la Commission et ses recommandations sont davantage préoccupés par les grands enjeux mis en lumière, et passent actuellement à des discussions plus fructueuses.
En tant que syndicat représentant des travailleurs au Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN) et à CBC/Radio-Canada, ainsi qu’à plusieurs autres organisations médiatiques, nous savons pertinemment que les travailleurs des médias Autochtones font un excellent travail auprès de nombreux médias. Nous savons également que les histoires présentées par les Autochtones et traitant des questions touchant les peuples autochtones devraient faire partie intégrante de la couverture offerte par chaque organisation médiatique au pays, au lieu d’être confinées à un seul média. Tout aussi important, nous reconnaissons et apprécions le rôle spécifique et la responsabilité particulière des médias du service public.
Une manière plus avisée de comprendre le réseau APTN et CBC/Radio-Canada c’est de savoir que ce sont des organisations médiatiques de service public qui permettent au système canadien de radiodiffusion de répondre à des objectifs clés de la Loi sur la Radiodiffusion. Par exemple, CBC/Radio-Canada est le seul réseau de télévision dans le Nord, diffusant des nouvelles locales, des informations et de la programmation culturelle et partageant des reportages portant sur d’autres Canadiens; CBC/Radio-Canada offre également un service radio, en ligne et en formats numériques, dans de nombreuses collectivités et en plusieurs langues. Pour sa part, APTN a été reconnu comme étant un chef de file à l’échelle mondiale en matière de radiodiffusion autochtone.
Les deux jouent un rôle essentiel au service des Canadiens, et priver l’un ou l’autre d’entre eux de financement serait mal avisé. Cela enleverait à des collectivités partout au pays de programmation locale et d’une diversité de voix, et affaiblirait l’industrie canadienne des médias dans son ensemble tout en étant dévastateur pour les travailleurs des médias qui perdent des emplois à raison de 1 000 emplois par an rien que dans le domaine de la radiodiffusion. Le manque de financement fait partie du problème. L’idée que APTN et CBC/Radio-Canada devraient se battre pour les miettes du financement des médias de service public comme le propose M. Cosh ne ferait qu’amplifier ces défis.
Nous soutenons plutôt les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation qui proposent que tant le diffuseur public national et le leader actuel en radiodiffusion autochtone soient tous deux renforcés. Cela assurerait que l’apport vital des travailleurs Autochtones dans les deux organisations puisse continuer, tout en générant une vaste production médiatique de grande qualité pour tous les Canadiens, peu importe où ils vivent.
Carmel Smyth
Présidente nationale de la Guilde