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Changements importants à prévoir dans l’industrie canadienne de la radiodiffusion

Les diffuseurs privés de radio et de télévision veulent une réduction de la réglementation afin de protéger leurs profits, blâmant les nouvelles technologies de production et de consommation de divertissement qui réduisent les auditoires et les revenus publicitaires. Il semble qu’ils peuvent s’attendre à un accueil favorable de la part du gouvernement conservateur minoritaire à Ottawa et du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes. Est-ce que les intérêts du secteur privé forceront l’adoption d’une nouvelle réglementation et passer outre aux besoins d’un service public de diffusion ?

Le projet de la ministre fédéral du Patrimoine, Bev Oda, de réviser le mandat de la SRC/CBC semble être sur une tablette. La ministre a plutôt demandé au CRTC d’examiner l’impact des nouvelles technologies sur les diffuseurs et de préparer un rapport pour le mois de décembre. Le CRTC va aussi réviser à partir de novembre sa politique sur la télévision. Il est probable qu’il y aura un renouvellement de licence ou une révision du mandat de la SRC/CBC seulement après la prochaine élection fédérale. Cette situation inquiète plusieurs intervenants du secteur culturel.

« Le gouvernement conservateur a été avare de commentaires au sujet de sa politique culturelle et de ses intentions à l’égard de la SRC/CBC » , affirme la présidente nationale de la Guilde canadienne des médias, Lise Lareau. « L’ incertitude qui règne est néfaste pour la SRC/CBC. Tout le monde se demande si le gouvernement croit au rôle des institutions publiques dans le domaine culturel canadien. »

« Je ne veux pas parler avec vous. Vous n’êtes pas mes amis. »

Les inquiétudes viennent des assauts pour déréglementer des industries clés, comme les télécommunications. Par exemple, des grandes sociétés de téléphonie, comme Bell et Telus, aimeraient pouvoir éliminer du marché des plus petits concurrents. Selon le professeur de l’université Queen’s, Vincent Mosco, cette nouvelle situation libèrerait des sommes d’argent qui permettraient aux grandes sociétés de prendre place plus rapidement dans le secteur culturel, en offrant des services comme la télévision par internet.

De plus, un comité fédéral qui révise la politique sur les télécommunications recommande dans un rapport du mois de mars que la réglementation qui limite le droit de propriété en radiodiffusion soit ré-examinée en même temps que celle des télécommunications étant donné la convergence dans l’industrie. La Coalition canadienne des syndicats de l’audiovisuel s’est opposée à cette recommandation en disant que le comité sur les télécommunications n’a pas de mandat ou d’expertise pour se pencher sur la radiodiffusion et la politique culturelle.

Même s’il est peu probable que la radiodiffusion offerte sur les ondes conventionnelles sera un jour remplacée par les nouvelles technologies, comme internet et la télévision sur téléphone cellulaire, les diffuseurs veulent moins de réglementations pour leur permettre de survivre à ce type de concurrence.

Alors, lorsque vous entendez la ministre du Patrimoine dire qu’elle veut un système canadien de radiodiffusion en bonne santé et qu’elle demande au CRTC d’étudier l’impact des nouvelles technologies sur les diffuseurs, il n’est pas déraisonnable de croire qu’elle a leurs préoccupations à cœur.

Le président du CRTC, Charles Dalfen, aussi semble prêter l’oreille aux préoccupations des diffuseurs. Il a déclaré plus tôt en juin au Festival international de télévision de Banff que « à la lumière des résultats financiers et de la situation ambivalente de la programmation canadienne à la télévision conventionnelle, particulièrement de la dramatique de langue anglaise, on se demande si nous avons en place la réglementation qui permettra aux diffuseurs conventionnels de bien entamer la première décennie du 21e siècle. »

La firme Nordicity Group, experts-conseils de l’industrie des médias, a présenté les options pour augmenter la production de télévision canadienne dans un rapport rendu public au Festival de Banff. Le secteur a besoin de plus d’argent du fédéral ou de plus de ventes internationales des émissions canadiennes. Si on optait pour le deuxième cas, il faudrait assouplir la réglementation, comme celle sur le contenu canadien, pour permettre aux émissions canadiennes d’être plus commercialisable à l’étranger. Et pourquoi un gouvernement conservateur qui est accro aux lois du marché et qui cherche à réduire les dépenses ne choisirait-il pas cette deuxième option ?

Les diffuseurs publics au Canada et ailleurs dans le monde subissent depuis au moins deux décennies des réductions du financement public et du soutien au moment même où il y a une arrivée massive de nouvelles façons de livrer le contenu médiatique. La plupart, incluant la SRC/CBC et TVOntario, n’ont pas baissé les bras devant le défi que pose les nouvelles technologies et cela malgré leur situation budgétaire précaire.

Alors que la radiodiffusion publique est devenue une patate chaude politique et un paratonnerre pour ceux qui veulent moins d’intervention du gouvernement, il y a des indications que les Canadiens dépendent plus que jamais de la radiodiffusion publique pour un accès à des bulletins de nouvelles et aux émissions culturelles qui reflètent leurs intérêts et leur besoin d’informations. Il est temps que tout le monde soit au courant, particulièrement les députés à Ottawa.

Les Conservateurs n’ont rien fait pour démentir les déclarations négatives à propos de la SRC/CBC faites avant la dernière campagne électorale par le Premier ministre Harper, son député Jim Abbott et la Sénatrice Marjorie LeBreton. Bev Oda a fait dernièrement des commentaires positifs. Mais le gouvernement et le caucus n’ont rien dit d’important concernant la SRC/CBC depuis leur élection. Les partis d’opposition sont unis à la Chambre des communes autour des questions relatives à la culture. Il serait difficile pour un gouvernement conservateur minoritaire d’apporter des changements importants au plan du financement de la radiodiffusion publique ou de la réglementation en matière de politique culturelle. Mail il serait très utile de connaître avant la prochaine élection fédérale la position du gouvernement conservateur sur ces questions.

Karen Wirsig est la coordonnatrice aux communications de la Guilde canadienne des médias.

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