Cinq questions avec
Jorge Barrera, membre de la Guilde, journaliste chez APTN, lauréat du prix 2012 J-Source Newsperson of the Year Award
Q1 : Félicitations pour avoir été nommé journaliste de l’année 2012 par J-Source. Que signifie ce prix pour vous ?
Pour moi, ce prix est la reconnaissance du travail que fait tout le monde au Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN), et du monde que nous couvrons. Le prix est directement lié à l’accent que nous avons mis sur le mouvement Idle No More et sur les questions touchant les peuples autochtones, et c’est grâce à APTN que nous arrivons à couvrir ces enjeux. Les récentes nominations de deux de mes collègues de APTN pour les prix 2012 de l’Association canadienne des journalistes s’inscrivent d’ailleurs dans la même perspective et démontrent l’étendue des talents. Essentiellement, le prix concerne tout le monde qui travaille à APTN.
Q2 : Comme journaliste, vous avez travaillé dans différentes organisations, en quoi APTN est-il différent ou semblable aux autres organisations ?
Une grande différence est que APTN est probablement l’une des salles des nouvelles les plus libres dans lesquelles j’aie travaillé. À APTN, on met l’accent sur « comment couvrir une nouvelle ». Les autres salles de nouvelles peuvent être plus intéressées à obtenir la nouvelle. Bien entendu il y a les ressemblances habituelles comme la pression des échéances, le chaos lié à la collecte de l’information, et ainsi de suite.
Q3 : Quel reportage que vous avez fait se démarque dans votre esprit en 2012 ou de tous les temps ?
Couvrir Idle No More était incroyable et extraordinaire; rien que de tenter de rester à l’affût d’un mouvement si étonnant et si spectaculaire qui, soit dit en passant, reste toujours vivant aujourd’hui.
Akwesasne est une autre histoire importante. Un endroit vraiment particulier ! C’est un lieu étonnant en ce qui a trait aux questions de frontières, de jurisdiction, de souveraineté Mohawk. Évidemment il y a aussi le lien historique avec la crise d’Oka. C’est un endroit multidimensionnel qui pourtant est peu couvert dans les médias. On a tendance à couvrir Akwesasne en une dimension alors qu’il y aurait bien plus de choses à examiner – bien plus que les cigarettes de contrebande.
Q4 : Qu’avez-vous couvert de plus drôle, de plus distrayant ?
Je vous parlerai de l’histoire la plus joyeuse que j’aie jamais couverte : Les marcheurs Nishiyuu. Il y avait tellement de bonheur tout au long de la marche et dans la manière dont tout ça se déroulait; la façon que les gens avaient de réagir aux marcheurs, et la manière dont on les a accueillis quand ils sont arrivés à la Colline du Parlement. Je peux dire qu’à l’arrivée des marcheurs, j’ai vu l’une des plus belles choses que j’aie vue : la foule qui était là pour les saluer a créé une sorte de passage humain, en s’écartant un peu comme les eaux de la mer rouge pour laisser passer les marcheurs. Comme expérience humaine, ce moment quand la foule s’est écartée pour laisser passer les marcheurs était fabuleux.
Q5 : En cette époque de compressions dans les médias, que pensez-vous de la place réservée au journalisme d’enquête ?
C’est à chacun de nous, à chaque journaliste, de préserver l’importance du journalisme d’enquête, de moins se concentrer sur l’absence de ressources et d’aller chercher dans nos ressources intérieures, si nous croyons en la nécessité du journalisme d’enquête pour nos collectivités et pour notre pays. Nous savons que dans beaucoup de pays, ce genre de travail est fait dans des circonstances bien plus dures et avec beaucoup moins de ressources. Nous avons donc besoin de nous assurer que le coût n’est pas ce qui nous empêche de faire du travail d’enquête – une ressource importante c’est le temps.