Suite à l’arrestation et la détention de deux journalistes Canadiens le mois dernier en Turquie, des évènements sembables ont poussé les groupes de défense de journalistes ainsi que des groupes de droits de la personne et libertés civiles à l’échelle internationale à organiser des manifestations silencieuses de 7 minutes simultanément contre les attaques à la liberté d’expression en Turquie. Ci-dessous, l’allocution du président des Journalistes Canadiens pour la liberté d’expression (CJFE) et membre de longue date de la Guilde (ancien président du syndicat à CBC/Radio-Canada) Arnold Amber lors de la manifestation de dimanche.
Carmel Smyth
Debout pour appuyer la liberté d’expression en Turquie
Par Arnold Amber
Cela fait exactement deux mois aujourd’hui que les manifestations en Turquie ont commencé. Au tout début, il s’agissait d’écologistes qui occupaient un parc très apprécié d’istanbul, plein d’arbres et fort achalandé que des promoteurs voulaient transformer en un centre commercial – c’est le genre de désaccord qui ressemble à ce qui se produit de temps à autre à Toronto et dans d’autres villes canadiennes.
Sauf qu’en Turquie, le gouvernement a brutalement expulsé les manifestants, ce qui a enragé beaucoup de gens partout au pays. Soudain, il y a eu des manifestations dans plusieurs villes – dénonçant surtout l’absence de la liberté de réunion, d’expression, de la presse ainsi que l’empiètement du gouvernement à l’égard de la tradition laïque en Turquie.
Le gouvernement a continué de recourir à la force pour réprimer la situation si bien que depuis le début des manifestations, près de 4 900 manifestants ont été arrêtés, 4 000 ont été blessés, et 7 personnes ont été tuées. Les travailleurs des médias, dont des Canadiens, ont été particulièrement visés par des actes d’intimidation comme des arrestations fréquentes et des poursuites quand ils tentent de couvir les manifestations.
Nous honorons également les sept personnes qui sont mortes. Six étaient des manifestants – une tuée par balle par la police, une autre tuée par un accident vasculaire cérébral suite à des coups sur la tête par des policiers, une troisième écrasée par un véhicule de policier, et trois tuées par des gaz lacrymogènes. La septième personne était un policier qui est tombé d’un pond à la poursuite de manifestants. Parmi les sept, on compte un adolescent et quatre dans la vingtaine.
À la demande du réseau de promotion de la liberté d’expression, l’IFEX en Turquie, nous entreprenons l’action d’aujourd’hui pour envoyer au gouvernement turc le message que la répression est inadmissible. On nous a demandé d’adopter la tactique devenue symbolique des manifestants Turcs, qui consiste à se tenir debout et immobiles pendant que les forces gouvernementales essaient de les disperser.
Aussi, un représentant de chacune des 7 organisations canadiennes oeuvrant dans le domaine des droits de la personne, la liberté d’expression et un syndicat des médias participent dans cette action en signe de soutien et de solidarité envers ceux qui se sont tenus debout avec courage face aux attaques violentes de la part de leur gouvernement.
Nous avons envoyé une lettre à ce sujet à l’ambassade de la Tuquie à Ottawa et au Consulat dans cet immeuble-ci à Toronto, et à compter de midi exactement, nous nous tiendrons debout, immobiles pendant 7 minutes. Et nous ne sommes pas seuls. Des actions semblabes sont organisées aujourd’hui dans six autres grandes villes – Londres, Paris, New York, Bruxelles, Budapest et Genève.
Notre message au gouvernement de la Turquie est clair : Arrêtez la répression de la liberté de réunion, d’expression et de la presse. Laissez une véritable liberté et une véritable démocratie sévir pour l’ensemble de la population de la Turquie.
Les organisations participant à la manisfestation d’aujourd’hui :
Journalistes Canadiens pour la liberté d’expression (CJFE)
PEN Canada
Amnistie Internationale
Journalistes pour les droits humains
Canadian Association of Journalists
IFEX
Guilde canadienne des médias
Nous avons également reçu ce message d’encouragement de Derek Stoffel, l’un des journalistes détenu le mois dernier.
“Merci de prendre cette initiative. Dès notre arrestation, j’ai tout de suite compris que Sasa et moi n’étions pas le vrai sujet — le véritable enjeu c’était le traitement horrible réservé aux journalistes par leur propre gouvernement en Turquie. Je suis donc content que vous preniez position face à cette situation. J’aurais voulu être à Toronto pour être là avec vous ! ”
Derek Stoffel
Correspondant au Moyen-Orient pour CBC News