Nous nous réjouissons toujours qu’on s’intéresse au travail effectué par les travailleurs des médias de CBC/Radio Canada. Mais il est navrant de constater le manque d’analyse de la chronique de Konrad Yakabuski (CBC has proved it can withstand the axe [La SRC a prouvé qu’elle pouvait survivre au couperet], 26 novembre 2015).
M. Yakabuski a raison sur un point : le président de Radio-Canada, M. Hubert Lacroix, sait manier le couperet, puisque plus de 2 000 emplois ont été éliminés depuis 2008. Et la « stratégie » 2020 de M. Lacroix prévoit encore l’élimination de 400 à 900 emplois au cours des trois prochaines années. Les coupes claires de M. Lacroix ont affecté la capacité de CBC/Radio-Canada à collecter les nouvelles et à produire des émissions au niveau régional.
Ce que M. Yakabuski omet toutefois de mentionner est que partout au Canada, au cours des élections d’automne, les gens ont clamé haut et fort le besoin de restaurer le financement de CBC/Radio-Canada. L’effet des compressions ne leur a pas échappé. Et trois partis les ont entendus et ont appelé à la restauration du financement de CBC/Radio-Canada.
Les 150 millions de dollars sont extrêmement indispensables – non pour retourner en arrière mais pour aller de l’avant. Le rôle de CBC/Radio-Canada est plus important que jamais, à l’heure où les organes médiatiques privés, dont Bell Media, coupent dans leur personnel pour accroître leur marge bénéficiaire.
Ce n’est pas pour rien que tous les pays démocratiques du monde ont un radiodiffuseur public. En rognant sur CBC/Radio-Canada jusqu’à ce qu’il perde toute pertinence, MM. Harper et Hubert Lacroix, ont fait grand tort à des générations de Canadiens qui se sont battus pour la créer et en faire ce qu’elle est pour nous tous. Nous sommes d’accord avec M. Yakabuski sur une chose : CBC/Radio-Canada pourrait faire mieux.
Mais pour cela, il faudrait qu’elle dispose d’un financement adéquat et d’une direction véritablement indépendante.
Carmel Smyth
Présidente nationale, Guilde canadienne des médias