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Des journalistes canadiens s’insurgent contre « des atteintes à la démocratie »

Si le chef conservateur, Stephen Harper, et certains de ses candidats mènent leur présente campagne électorale dans une bulle, cette approche semble tout à fait correspondre à celle du parti et de son dirigeant au cours des dernières années. Un groupe de journalistes canadiens a tiré la sonnette d’alarme l’été dernier. Ils ont décrié le contrôle grandissant du gouvernement sur la couverture journalistique indépendante.

« Il y a quatre ans, Monsieur Harper bâillonnait ses ministres et il forçait les journalistes à s’inscrire sur une liste dans l’espoir d’être choisi pour lui poser une question lors d’une de ses rares conférences de presse », explique une lettre ouverte publiée fin juin et signée par des présidents d’associations de journalistes et de la tribune de la presse parlementaire de partout au pays.

« Il n’est pas rare que les journalistes se fassent rejeter, qu’on les empêche de poser des questions au nom des citoyens canadiens. Plus récemment, le contrôle de l’information a atteint de nouveaux sommets. L’accès aux événements publics est maintenant restreint. Les photographes et les cameramans ont été remplacés par des photos et des vidéos produites par le Service de presse du Bureau du premier ministre et elles sont expédiées aux salles de nouvelles partout au pays. Il devient difficile de trouver une source indépendante qui enregistre l’histoire au quotidien, un témoin qui est présent pour voir comment les événements se sont vraiment déroulés au lieu d’accepter une version concoctée par un politicien. (…)

« Pendant ce temps, la qualité de l’information qui est offerte au public est à la baisse. Les fonctionnaires, comme les scientifiques, les médecins, les chargés de la réglementation, les vérificateurs et les spécialistes en politique, ceux qui élaborent les politiques publiques et qui peuvent le mieux les expliquer à la population, n’ont pas le droit de parler aux médias. Au lieu, les journalistes doivent composer avec une armée d’attachés de presse qui ne connaissent pas ou très peu les sujets donnés. Ces attachés, qui échangent par courriel seulement, donnent des réponses vagues à des questions complexes à l’aide de notes d’information qui ont été vérifiées et contrôlées par du personnel politique. De plus, le système d’accès à l’information a été « complètement oblitéré » par les délais et les refus… »

La lettre précise que ce problème n’affecte pas les conditions de travail des journalistes mais bien la santé de notre démocratie. Les journalistes sont devenus partie prenante dans des endroits comme la Tunisie et l’Égypte (voir autre article dans ce numéro) car ils se sont joints au mouvement de révolution qui balayait leur pays. La lettre ouverte demande seulement aux journalistes « de faire preuve de solidarité et de résister » aux tentatives de limiter l’accès à l’information à l’aide des tactiques suivantes :

• n’acceptez pas des réponses vagues par courriel à des questions de fond qui exige une interview avec un ministre ou un haut fonctionnaire.
• ne publiez plus de photos et ne diffusez plus de vidéos fournies par le Service de presse du gouvernement.
• expliquez davantage à vos lecteurs et à vos téléspectateurs lorsque Ottawa ne fournit pas les informations que vous avez besoin pour réaliser vos reportages. Les Canadiens ont le droit de savoir lorsqu’un ministre refuse de commenter une situation, lorsque des renseignements importants sont dissimulés ou lorsqu’une demande d’accès à l’information prend beaucoup trop de temps à traiter.
• investissez le temps et les ressources nécessaires pour aller au-delà du point de presse orchestré et déterrer la vraie histoire.

Cliquez ici pour lire la version complète de cette lettre. (En anglais).

Entretemps, deux reportages percutants ont été réalisés par des membres de la GCM à La Presse canadienne et au RTPA/APTN. Le premier porte sur le présumé lobbying illégal d’un ancien employé du Bureau du premier ministre, Bruce Carson. Et le deuxième est au sujet des accusations de la vérificatrice générale du Canada qui soutient que le gouvernement conservateur a trompé le Parlement relativement à des dépenses pour le Sommet du G-8 à Huntsville. Ces deux histoires ne proviennent pas d’un communiqué de presse. Continuez votre bon travail !

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