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Des propos de la présidente de CBC/Radio-Canada voulant que le diffuseur public soit uniquement numérique sèment la confusion

Des propos tenus par la présidente de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, et rapportés par un quotidien national mardi ont engendré de la confusion et de l’inquiétude chez des membres de la Guilde canadienne des médias. 

« La chef de la direction de CBC déclare que la Société se prépare à mettre fin à la diffusion de ses émissions de télévision et de radio sur les ondes et à passer au tout numérique, à l’heure où les auditoires se tournent vers la diffusion en continu, mais qu’il est peu probable que ce changement se produise au cours des dix prochaines années. (Traduction libre)
Source : The Globe and Mail

Après avoir initialement laissé entendre que CBC cesserait de diffuser des émissions à la télévision et à la radio d’ici dix ans, Catherine Tait est revenue sur ses propos.  Les responsables du syndicat ont confirmé auprès d’autres cadres supérieurs de CBC qu’il n’existe aucun plan imminent qui entraînerait une quelconque perte d’emploi, mais les déclarations de la présidente de CBC ont néanmoins suscité des inquiétudes.

Il faut noter que Mme Tait se prononce sur l’avenir de la télévision et de la radio de CBC à peine cinq mois avant la fin de son mandat, ce qui crée inutilement de l’anxiété et de la confusion au sein du personnel, et très probablement dans l’esprit de l’ensemble des Canadiens.

Il est regrettable que les déclarations de la présidente de CBC/Radio-Canada aient été faites subitement, sans que les travailleurs du diffuseur public qui créent ses émissions, et le public qui dépend de ses services, aient eu la possibilité d’exprimer leur point de vue. Or, les négociations contractuelles à CBC doivent commencer sous peu, et le Conseil exécutif de la sous-section de la Guilde travaille d’arrache-pied pour améliorer ses relations avec la direction afin de parvenir à une convention collective mutuellement acceptable dans le nouveau contexte de travail au sortir de la pandémie.  

 Le personnel de CBC/Radio-Canada a toujours été à l’avant-garde des changements technologiques, offrant des services fiables aux Canadiens, d’abord à la radio, puis à la télévision, et aujourd’hui sur toute autre plateforme qui devient pertinente.  Nous comprenons l’importance d’une stratégie qui accorde la priorité au numérique pour rester pertinents, mais nous sommes en désaccord avec une approche uniquement axée sur le numérique.

Nous offrons des services d’information de qualité sur de plus en plus de plateformes dans des collectivités partout au Canada avec des ressources réduites. Et ce, alors que nos salaires n’ont pas suivi l’inflation depuis plus de dix ans. Les employés de CBC/Radio-Canada ont été limités à une augmentation salariale de 1,5 % par an depuis 2009.  

CBC/Radio-Canada doit continuer à remplir son mandat tel qu’il est défini dans la Loi sur la radiodiffusion : 

« la Société Radio-Canada, à titre de radiodiffuseur public national, devrait offrir des services de radio et de télévision qui comportent une très large programmation qui renseigne, éclaire et divertit; … la programmation de la Société devrait : …. être offerte partout au Canada de la manière la plus adéquate et efficace, au fur et à mesure de la disponibilité des moyens… »

Une récente étude du Fonds des médias du Canada révèle qu’une forte majorité de Canadiens (84 % d’Anglophones, 81 % de Francophones) regardent la télévision en direct, et que le téléviseur demeure le principal appareil pour regarder le contenu télévisuel pour 78 % des Anglophones et 88 % des Francophones, en hausse par rapport à la même période l’année précédente. Pour ce qui est de la radio, sondage après sondage, les Canadiens disent à quel point ils apprécient les émissions de CBC Radio.

Comme nous l’avons appris en couvrant la tempête post-tropicale Fiona dans le Canada atlantique en septembre dernier, les services de radio et de télévision analogiques locaux peuvent devenir des outils essentiels pour transmettre des informations au public lorsque les infrastructures soutenant les services Internet et cellulaires sont en panne. Pour de nombreuses personnes, les services radio et télé analogiques sont toujours essentiels étant donné que leurs services Internet et cellulaires ne sont pas fiables, et dans certains cas, inexistants.

En ce qui concerne le financement de CBC/Radio-Canada, le syndicat est d’accord avec Mme Tait sur un point : le diffuseur public national du Canada est gravement sous-financé et il faut des ressources adéquates pour soutenir l’énorme volume de nouvelles et d’émissions en français, anglais et dans les nombreuses langues autochtones, diffusées chaque jour par des travailleurs dévoués de CBC/Radio-Canada. Toutefois, alors que Mme Tait s’oppose au projet de loi C-11, la Guilde appelle à la prudence puisque les publi-reportages peuvent nuire à la marque du diffuseur public, ce qui à l’ère des « fausses nouvelles », peut s’avérer dangereux pour CBC/Radio-Canada et miner la confiance envers le diffuseur public.

Ce dont on a besoin en ce moment, c’est de la reconnaissance pour le travail remarquable que font les travailleurs de CBC/Radio-Canada, plutôt que de le saper; et d’un appel à un diffuseur public national robuste et accessible, et non d’une posture qui le mine. CBC/Radio-Canada joue un rôle crucial quand il s’agit de nous connecter à l’échelle du pays, et tout ce qui menace de l’affaiblir constitue une menace pour notre identité culturelle canadienne. 

Conseil exécutif de la sous-section CBC/Radio-Canada  

Comité exécutif national de la Guilde canadienne des médias

 

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