Les derniers six mois n’ont pas été faciles pour les membres de la Guilde. Plusieurs d’entre eux sont inquiets quant à l’avenir de leur emploi à la suite des annonces de réductions de postes dans certains médias. En plus de ces inquiétudes, il existe un malaise généralisé causé par le nombre croissant de postes temporaires dans une industrie où les opportunités de carrière se font de plus en plus rares pour beaucoup de nos collègues.
Des employés des médias qui ont peu de sécurité d’emploi ne peuvent pas autant influencer le contenu de leur travail. Au plan des nouvelles ou de la créativité, ces travailleurs jouissent de moins d’indépendance face au patron. Il y a une tendance malsaine dans les médias canadiens. La concentration de la propriété des médias a diminué la diversité de l’information et des points de vue offerts aux Canadiens.
Le phénomène du travail à contrat et du travail temporaire, même chez le radiodiffuseur public, mène davantage à l’homogénéisation des idées. Un petit nombre de grands patrons des médias peuvent contrôler à leur guise le contenu des informations lorsque les gens qui travaillent pour eux craignent de perdre leur emploi à tout moment. C’est particulièrement vrai lorsque ces employés ne font pas ou ne disent pas “les bonnes choses” ou qu’ils refusent de suivre la discipline de parti.
C’est une situation dans laquelle se trouvent, entre autres, les employés provenant des diverses communautés culturelles. Cette “diversité” est supposément valorisée mais sans un emploi sécure, ces travailleurs ne sont pas en mesure de remettre en question les idées reçues qui prévalent dans le monde des nouvelles et du divertissement.
Des emplois dans les médias en péril
Depuis le mois de janvier, la Guilde canadienne des médias estime à 140 le nombre de postes syndiqués qui ont été éliminés à la SRC/CBC. Ces compressions ont servi, en partie, à financer l’achat d’émissions produites à l’extérieur de la Société.
Au mois de mars, TVOntario annonçait l’abolition de 10 postes occupés par des membres de la Guilde dans le cadre d’une restructuration qui permettrait d’allouer plus de ressources à son secteur éducatif, qui rapporte des droits de service, au détriment des émissions de télévision.
De plus, 15 postes seront éliminés cet été chez Reuters à Toronto. La société va centraliser l’administration et la coordination de son service de soutien technique à ses bureaux de St-Louis, au Missouri.
L’incertitude règne également à la station de télévision Toronto One où nous avons appris que l’émission d’information Toronto Tonight sera annulée cet été. On ne sait toujours pas quelle émission la remplacera. La Guilde a déposé en avril une demande au Conseil canadien des relations industrielles pour représenter 80 employés de la station.
Les employeurs veulent plus de contrôle sur les embauches et les renvois.
Le propriétaire de la station Toronto One, Québécor, tente également d’exclure les employés du secteur des affaires publiques de la nouvelle unité de négociation. La direction soutient que les conditions de travail de ces employés “ne se prêtent pas à des négociations collectives”.
Québécor aimerait mieux continuer d’embaucher à contrat son personnel du service des affaires publiques. La direction préfère l’embauche basée sur la popularité des employés auprès des téléspectateurs et sur le succès que connaît l’émission à laquelle ils sont affectées. Une approche qu’affectionne aussi la direction de la SRC/CBC.
Au cours de la présente ronde de négociations, la direction de la SRC/CBC veut s’arroger le droit d’embaucher les nouveaux employés à contrat au lieu de leur accorder des postes permanents. La direction soutient qu’elle a besoin “ d’une plus grande souplesse pour permettre des changements au formule des émissions, pour permettre des changements de structures, pour mettre les bonnes personnes dans les bons postes et de déplacer les ressources plus rapidement qu’auparavant.”
La Guilde est contre cette tendance qui pousse à une plus grande précarité de l’emploi à la SRC/CBC. Le syndicat veut s’assurer que tous les employés ont l’opportunité d’avoir une carrière en radiodiffusion publique. Cela signifie des emplois permanents avec le droit d’être réaffecté s’il y a des changements aux émissions ou si des postes sont abolis. La Guilde soutient qu’un emploi à long terme, qui mise sur l’acquisition des connaissances et le perfectionnement des aptitudes, est beaucoup plus bénéfique pour la radiodiffusion publique.