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Examen stratégique de Radio-Canada : des idées concrètes plutôt qu’une idéologie désuète

D’un point de vue stratégique, qui peut être avantagé par une amputation additionnelle de l’ordre de 55 millions $ du financement fédéral accordé à la Société Radio-Canada? Le 11 juillet dernier, le ministre du Patrimoine canadien James Moore a déclaré sur les ondes de l’émission Q, diffusée sur les ondes de la CBC, que le radiodiffuseur public « doit faire partie d’un examen stratégique et céder 5 % » de son financement en 2012. Le gouvernement exige le même type de concession de la part de tous les autres ministères et agences publiques, dans le cadre d’une initiative visant à « évaluer l’économie canadienne selon une perspective macro ».

Bien d’accord. Reste toutefois à espérer que tout examen de Radio-Canada et des autres services publics relève vraiment du domaine stratégique.

Depuis plus de 25 ans, Radio-Canada doit composer avec des compressions budgétaires. Même en temps plus prospères, le financement qui lui est accordé ne parvient pas à refléter le taux d’inflation. La programmation et les services diminuent sur une base régulière. Malgré tout, même en périodes de vaches maigres, la Société est demeurée à l’avant-garde des nouveaux médias. Il y a deux ans, le gouvernement a procédé à un examen stratégique du financement de Radio-Canada, décidant en fin de compte de ne pas aller de l’avant avec une réduction de 5 % de son financement. S’appuyant sur la stabilité de ce financement, Radio-Canada a élaboré un plan stratégique pour 2015 qui prévoyait notamment une programmation accrue tant à la radio qu’à la télévision et en ligne, ainsi que l’ajout de services là où la Société n’a pas pignon sur rue. La ville de Kamloops figure en tête de liste de ce projet d’expansion, et devrait accueillir sa toute première chaîne radio de la CBC dès l’automne.

Or, le fait de réduire de 55 millions $ le financement de Radio-Canada en 2012 obligerait la Société à revoir ses plans, tout en affectant considérablement les retombées économiques qu’elle engendre. Une récente étude révélait que le radiodiffuseur public injecte quelque 3,7 milliards $ dans l’économie canadienne grâce au 1,1 milliard $ qui lui est accordé par le gouvernement. Radio-Canada contribue à la prospérité de la production indépendante et des autres industries créatives, ainsi qu’au dynamisme du secteur des arts et de la culture partout au pays.

On ne peut affaiblir un service public pour en faire un actif stratégique. La radiodiffusion publique requiert des investissements publics. Or, le Canada continue à faire piètre figure sur la liste des pays industrialisés qui soutiennent financièrement la radiodiffusion publique nationale. Seuls les États-Unis et la Nouvelle-Zélande livrent une pire performance à ce chapitre. En 2010, les crédits parlementaires accordés à Radio-Canada correspondaient à 34 $ par Canadien. En Australie, ce montant se chiffrait à 43 $, alors qu’il se situait à 78 $ en France et à 111 $ au Royaume-Uni.

Forte d’un appui plus solide de la part du gouvernement, Radio-Canada pourrait en faire davantage. À l’heure où le secteur télévisuel passe du mode analogue au numérique, des centaines de collectivités risquent de perdre la transmission gratuite du signal télé, Radio-Canada n’étant en mesure d’effectuer une mise à niveau que sur 27 de ses transmetteurs. Tel que le suggérait récemment le quotidien Globe and Mail, le gouvernement pourrait envisager de réserver une partie des sommes qu’elle prévoit générer lors de la vente aux enchères des fréquences libérées suite à la transition vers le numérique, pour ainsi la consacrer à une mise à niveau des équipements de Radio-Canada. Un tel investissement dans les technologies numériques pourrait aussi servir à offrir davantage de services en télécommunications dans les petites villes et régions rurales, tels que l’Internet sans fil, par exemple. (Vous pouvez en apprendre plus à ce sujet en cliquant ici.)

Aussi, qu’en est-il de l’impératif stratégique de servir l’intérêt public? On s’attend de notre radiodiffuseur public que celui-ci comporte une programmation offerte dans les langues minoritaires; qu’il raconte des histoires canadiennes reflétant les diverses régions partout au pays; qu’il raconte des histoires canadiennes alors que d’autres ne le font pas; et que son service des nouvelles diffuse en ondes et sur le Web des informations à la fois diversifiées et de grande qualité. Certes, les décisions de Radio-Canada en matière de programmation et de couverture des événements ne font pas nécessairement l’unanimité sur une base quotidienne. Toutefois, le fait que la chose fasse l’objet de discussions et de débats illustre à quel point les services offerts par la Société s’avèrent essentiels au maintien du caractère distinct des cultures et des pratiques démocratiques du pays.

L’année qui vient sera certes fort importante pour Radio-Canada, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, il y a l’épée de Damoclès que représentent les coupures appréhendées. Ensuite, le processus de renouvellement de la licence du radiodiffuseur public doit avoir lieu devant le CRTC. Le public canadien aura alors l’occasion de se prononcer pour la première fois en 12 ans sur les divers services offerts par Radio-Canada. Aussi, il va falloir composer avec les effets de la consolidation du secteur privé, où règnent désormais d’importants conglomérats. Le gouvernement, le public et ceux parmi nous qui oeuvrent au sein de cette industrie se doivent de proposer des idées concrètes quant au rôle que devrait jouer notre radiodiffuseur public pour les années à venir.

Pour de plus amples renseignements, communiquez avec la Guilde ([email protected]) au 1-800-465-4149 ou au 416-591-5333.

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