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Fiers travailleurs médias Autochtones, membres de la Guilde – Mary Powder et Melissa Ridgen

Chaque année, nous célébrons la Journée nationale des peuples autochtones avec les nombreux membres des syndicats qui proviennent de communautés autochtones d’un peu partout au pays.

Cette Journée est particulièrement significative cette année à la lumière des manifestations massives dans les collectivités, grandes et petites, organisées pour dénoncer le racisme anti-Noir et le racisme contre les Autochtones.  C’est un moment important marqué notamment par des histoires courageuses de travailleurs des médias qui partagent leurs expériences personnelles du racisme systémique au travail et dans la vie.

Nous voulons faire partie de la solution et favoriser une meilleure compréhension. Au cours des quelques prochaines publications, vous aurez l’occasion de faire la connaissance de certains de nos collègues Autochtones.

Carmel Smyth
Présidente nationale, Guilde canadienne des médias

 


 

Mary Powder
Archiviste médias à CBC
Yellowknife 

 

 

 

 

 

 

 

Marie Powder naît dans l’une des communautés les plus nordiques du Canada, le pittoresque hameau de Grise Fiord au Nunavut. Si éloignée qu’un camion livrait des icebergs pour approvisionner en eau les foyers pendant l’hiver. Encore aujourd’hui, Mary considère que c’est l’eau la plus fraîche qu’elle ait jamais goûtée.

L’aînée d’une fratrie de six enfants, Mary apprend de ses parents les techniques traditionnelles de survie. Très tôt, elle apprend à chasser, à cuisiner et à coudre, mais aussi à divertir ses frères et soeurs avec des histoires fascinantes, maîtrisant ainsi la capacité de garder les auditeurs envoûtés.

Comme beaucoup d’enfants des communautés éloignées du Nord, Mary doit quitter sa famille à 14 ans pour aller dans le sud dans un pensionnat.

Elle dit que l’école où elle est allée n’était pas l’expérience cruelle et punitive qu’ont été les pensionnats lorsque son père avait été enlevé à ses parents et forcé d’y aller une décennie plus tôt.

Son diplôme en poche, Mary retourne à Grise Fiord brièvement avant de se rendre compte que son destin est ailleurs.

Elle fait ses bagages, dont une précieuse collection de bibles anglicanes en inuktitut.

À Yellowknife, elle se marie et fonde une famille. Lorsque ses enfants arrivent à l’âge adulte, Mary a déjà parcouru les bibles, apprenant en autodidacte les syllabes complexes de l’inuktitut écrit, et maîtrisant l’inuktitut écrit et parlé.

Elle s’habitue à la vie urbaine, même si elle n’aime toujours pas les mouches noires (il n’y en a pas à Grise Fiord), ni la météo.  Elle est peut-être la seule personne à penser qu’il fait trop chaud à Yellowknife, et qui doit prendre des douches froides pour se rafraîchir.

Résolue à mettre à profit ses compétences linguistiques, Mary tombe par hasard le travail de ses rêves, qui fait appel à toutes ses compétences, sa personnalité et sa véritable passion, la langue inuit (Après son mari Ken et ses enfants, bien entendu).

CBC North l’engage pour un projet spécial où elle travaille avec une équipe de médiathécaires engagés pour traduire et cataloguer des décennies de documents rares dans les langues du Nord.

“Préserver sa langue et travailler dans cette langue, c’est ce qu’il y a de mieux, tout comme travailler avec les autres sur ce projet.  Chaque jour, j’ai l’occasion de protéger une partie unique de l’histoire du Canada, ce qui est un héritage inestimable. J’ai l’impression que ça m’aide à sauver ma langue de la disparition. C’est un projet très satisfaisant, et je suis fière d’y prendre part ».

 C’est en travaillant dans les studios de CBC à Yellowknife que Mary se rend compte qu’il y a d’autres façons de partager sa fierté pour son patrimoine.

Elle suit un cours accéléré de journalisme et en revient polyvalente et revigorée. Aujourd’hui, elle fait aussi de reportages. Selon elle, « il n’y a pas beaucoup de gens qui peuvent parler à des milliers d’anciens, dans leur propre langue, leur donnant un sentiment d’appartenance ».

Le conseil de Mary à ses petits-enfants : « La vie est remplie de défis, mais quand tout le monde travaille ensemble, nous pouvons faire des progrès ».  Elle les encourage à nourrir leur curiosité et leur créativité tout en restant fiers de leur patrimoine.

À la veille de sa 10e année dans les médias, Mary a une soif d’apprentissage qui inspire toujours ses collègues.

Elle affirme que le domaine de l’information a connu de nombreux changements positifs, mais « il faut qu’il y ait davantage d’histoires autochtones, afin que les enfants puissent se voir représentés ».

Quand elle pense à son enfance dans une maison sans électricité ni eau courante, Mary s’étonne encore pour le chemin parcouru : « Il y a 30 ans, on n’aurait jamais entendu une femme Autochtone parler une langue autochtone à la télévision ». Elle  est fière du rôle qu’elle a joué dans ce changement.

 

 

 

Melissa Ridgen
Présentatrice/
Réalisatrice à APTN
Winnipeg

 

 

Qui je suis et ce que je fais en quelques mots

Je suis Métis de la rivière Rouge et journaliste depuis 23 ans; j’ai travaillé dans la presse écrite et à la télévision dans trois provinces.

Dès mon plus jeune âge, je savais qu’être curieuse était ma plus grande compétence, et le journalisme m’a donc semblé être un bon choix de carrière.

J’ai un faible pour les reportages d’enquêtes approfondies de type « suivez la piste de l’argent ». La montée et la chute du Tribal Councils Investment Group (Groupe de placement des conseils tribaux du Manitoba) est probablement l’un de mes reportages préférés. Des jets privés, des escapades coûteuses à Las Vegas, un scandale que seul APTN a couvert en profondeur.

Mes journées sont remplies d’histoires d’horreur sur le secteur de la protection de l’enfance qui montrent que ce système est une machine puissante, riche en emplois, qui semble ne rendre de compte à personne, et qui cible principalement les familles Autochtones comme le faisaient les pensionnats pour enfants Autochtones.

Un énorme défi auquel sont confrontés les professionnels Autochtones dans les médias c’est de travailler pour les médias traditionnels qui vous obligent à aborder les reportages dans une optique non autochtone. Nous devons être plus nombreux dans les médias pour raconter des histoires d’une manière qui correspond à notre histoire et à notre vérité.

Pour celles et ceux qui aspirent à travailler dans les médias 

Ce que je dirais aux travailleurs Autochtones qui aspirent à entrer dans le monde des médias, c’est de trouver un milieu de travail qui ne «  blanchit » pas nos informations.

Vivre avec la pandémie

En ce moment, nous, les travailleurs des médias, nous nous retrouvons dans une situation où nous ne pouvons pas voir et passer du temps avec les personnes dont nous parlons dans reportages. La pandémie a volé l’aspect humain qui est si essentiel au partage de nos histoires. Mais elle a aussi amplifié une grande partie de ce qui est bien chez nos gens. La résilience et le sens de la communauté ont vraiment brillé durant la crise de COVID-19.

 

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