Ancien directeur de l’information de Radio-Canada, Alain Saulnier est l’auteur du livre Ici ÉTAIT Radio-Canada, qui vient de paraître en anglais sous le titre Losing our Voice.
Plusieurs anciens membres de la haute direction et du Conseil administration de CBC/Radio-Canada étaient présents au lancement de la version anglaise à Toronto, notamment l’ancien président du Conseil de CBC/Radio-Canada Robert Rabinovitch, l’ancienne membre du Conseil Trina McQueen, l’ancien vice-président Richard Stursberg, et l’ancien rédacteur-en chef pour les nouvelles Tony Burman.
Je vous invite à lire la transcription du discours prononcé par Alain Saulnier lors de cet évènement.
Carmel Smyth,
présidente nationale de la Guilde
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Chers amis,
Je vous remercie de votre soutien.
« Ici ÉTAIT Radio-Canada » n’est pas seulement mon histoire au sein de cette institution au rôle essentiel.
C’est notre histoire à tous.
C’est l’histoire d’une tension intolérable et persistante entre CBC/Radio‐Canada et les gouvernements successifs d’Ottawa.
À mon sens, cette tension n’a jamais été aussi forte que depuis la nomination d’Hubert Lacroix à la tête de notre radiodiffuseur national.
Les présidents qui l’ont précédé avaient défendu l’indépendance de cette institution contre chacun des gouvernements successifs, fussent-ils libéral, progressiste conservateur ou conservateur. C’était pour eux une affaire de devoir.
Ce soir, nous avons le privilège de compter parmi nous Robert Rabinovitch, sous la direction de qui j’ai travaillé. Merci, Bob.
Vous pouvez lire ce qu’il a écrit sur la couverture de mon livre : « A public broadcaster must at all times maintain an arm’s length relationship to the government if it is not to become a state broadcaster – Un radiodiffuseur public doit en tout temps maintenir ses distances avec le gouvernement afin de ne pas devenir un radiodiffuseur d’État. ».
Il a toujours été conscient de l’importance de la protection de Radio‐Canada et CBC.
Ce n’est pas le cas d’Hubert Lacroix, qui a été nommé – et qui a obtenu un renouvellement de son mandat – pour la bonne raison qu’il était d’accord avec M. Harper pour démanteler Radio‐Canada et CBC.
On m’a demandé : que devrait faire Hubert Lacroix à présent ?
Si Hubert Lacroix est vraiment attaché à CBC/Radio‐Canada, il devrait démissionner, car personne ne veut plus le suivre. Il a perdu toute légitimité pour diriger CBC/Radio-Canada sur la voie de l’avenir.
Et quel devrait être le mode de sélection du conseil d’administration et du président?
Pour l’instant, l’unique option est la nomination par un comité parlementaire, à partir d’une liste de candidats impartiaux connaissant bien le paysage médiatique actuel.
Ce que je souhaite, c’est que Ici ÉTAIT Radio-Canada devienne l’histoire du passé de CBC et Radio‐Canada.
Il est temps de restituer le contrôle de CBC et Radio‐Canada à la population.
Maintenant plus que jamais nous avons besoin d’un radiodiffuseur public fort – d’un ancrage solide pour l’information et la culture à l’ère du numérique.
Le besoin est pressant car il faut contrer à la fois la désinformation qui pullule sur la Toile, ainsi que les productions dont les géants de l’Internet nous inondent avec leurs algorithmes – dans leur propre intérêt et non le nôtre.
Restaurons CBC/Radio-Canada !