Ces propos ont été tenus en avril par un groupe d’employés de TVO/TFO réunis pour une discussion informelle à Toronto. Ce n’est certainement pas la passion et l’engagement qui manquent de leur part. Ils croient que TVOntario pourrait encore contribuer aux plans de l’éducation et de la radiodiffusion publiques. Mais les employés sont inquiets. Selon eux, l’absence de mandat et de vision clairs mine leurs efforts.
Selon le professeur de communication à l’université Concordia, Charles Acland, qui était présent à la rencontre, la situation de précarité qui prévaut à TVOntario n’est pas tellement différente de celle des autres radiodiffuseurs publics ailleurs dans le monde.
Le professeur Acland a déclaré que les radiodiffuseurs publics ont eu à vivre des périodes d’anxiété car des gouvernements de partout dans le monde appliquent des programmes politiques issus de la révolution néo-conservatrice. Ce type de régime remet en question la radiodiffusion publique, qui est perçue comme une composante de l’état Providence, et ses valeurs en tant que source gratuite et accessible d’un grand éventail de programmation culturelle qui permet la fondation même de la citoyenneté.
Le financement gouvernemental a diminué presque partout pendant que la relation des diffuseurs publics avec le secteur privé s’est intensifiée, les plaçant dans une situation paradoxale où ces diffuseurs doivent connaître le succès sans toutefois concurrencer les diffuseurs privés.
De plus, tous les diffuseurs doivent composer avec des changements technologiques qui transforment la façon dont les individus produisent et consomment la « culture ». L’internet, la baladodiffusion, les téléphones cellulaires permettent aux gens de décider non seulement ce qu’ils vont regarder ou écouter mais aussi du moment et de l’endroit. Une portion de cette « programmation » est composée de clips audios ou de clips visuels qui sont entendus ou vus par des millions de personnes grâce à l’internet.
Le professeur Acland propose aux diffuseurs comme TVOntario de trouver « une façon spéciale d’organiser cette abondance » de production culturelle, peut-être en agissant comme un portail public qui organise, qui archive et qui offre cette grande quantité de matériel. Les employés ont fait remarquer que TVOntario aurait besoin de faire des efforts pour créer de la nouvelle programmation originale pour ainsi assurer une quantité suffisante de matériel dans le domaine public.
Monsieur Acland a aussi encouragé les diffuseurs publics à entamer une réflexion axée sur « la création d’espaces pour la vie publique » qui irait au-delà de la production et de la distribution de leur programmation. Il propose une approche basée sur les événements qui génèrerait des nouvelles façons pour les citoyens (et non seulement les consommateurs) de participer aux débats de société.
Enfin, le professeur Acland affirme que les diffuseurs publics comme TVOntario ont besoin de trouver des moyens d’augmenter leur visibilité auprès du public. Ces diffuseurs ont besoin de mieux faire comprendre leur raison d’être et ce qu’ils ont à offrir tout en continuant « de jouer un rôle essentiel pour assurer le bien commun. »