Le visage du Canada change. Cette réalité est particulièrement apparente dans les centres urbains du pays et dans les rapports arides de Statistique Canada qui révèlent une population vieillissante qui a moins d’enfants et qui doit se tourner vers l’immigration pour combler ses besoins en travailleurs.
Pendant ce temps, les chiffres lèvent le voile sur une autre réalité dans les communautés autochtones partout au pays. La moitié de la population des Premières nations est âgée de 25 ans ou moins. Dans des provinces comme le Manitoba, la Saskatchewan et l’Ontario, il y a une population importante et grandissante de jeunes Autochtones prête à devenir des travailleurs au cours des prochaines décennies. Je connais très bien cette réalité. Je viens du Territoire des Six Nations de la rivière Grand, dans le sud de l’Ontario, qui a une population de jeunes en plein essor.
Malheureusement, on ne peut pas présumer que ces jeunes auront la chance de décrocher des emplois disponibles. En fait, les communautés autochtones ont beaucoup de difficulté à trouver des emplois intéressants pour leurs jeunes. Les conséquences de la colonisation et des pensionnats indiens empêchent la pleine participation des peuples autochtones à la société canadienne. Les injustices du passé dans les domaines de l’accès à l’éducation, de la formation professionnelle, des stages réussis et de l’emploi signifient que les Autochtones sont en queue de peloton en matière d’emploi. En fait, il est même difficile pour plusieurs employeurs de recruter des travailleurs autochtones afin de combler des postes qui font l’objet d’un programme d’équité.
J’ai toujours été parfaitement consciente d’être une exception lorsque l’on constate la très dure réalité économique dans laquelle se trouvent la plupart des Autochtones du pays. En 2006, le revenu médian d’un Autochtone était de 16 895$ par rapport à 29 636$ pour un non-Autochtone. Il y a beaucoup plus d’Autochtones qui vivent dans la pauvreté que les autres Canadiens. De plus, les communautés autochtones, particulièrement celles du Nord, ont des problèmes d’accès à l’eau potable, à des logements sécuritaires et à l’éducation.
Évidemment, une des façons de régler ces écarts est que les Autochtones obtiennent de bons emplois dans tous les secteurs de l’économie. Mais il faudra un effort concerté de la part de toutes les parties.
Il s’agit d’un défi pour les employeurs. Ces derniers devront bientôt recruter des travailleurs ailleurs que dans les endroits traditionnels, s’ils veulent maintenir leur main-d’œuvre. Il s’agit aussi d’un défi pour les syndicats car ils devront reconstituer leur rang avec de nouveaux militants et de nouveaux dirigeants. Les employeurs et les syndicats devraient travailler en collaboration avec les communautés autochtones pour s’assurer que les jeunes travailleurs autochtones sont prêts et disposés à intégrer le marché du travail et que les milieux de travail sont prêts et capables de les accueillir à bras ouverts.
L’autre raison pour promouvoir l’équité envers les membres des Premières nations est plus abstraite. Une société qui se dit moderne, diverse et juste, ce que prétend la société canadienne, ne peut l’être tant que tous ces citoyens ne jouissent pas de l’égalité des chances. J’ai consacré toute ma carrière syndicale à la promotion et à l’obtention de l’équité. Les valeurs autochtones SONT aussi des valeurs de la Guilde; l’action collective, la justice pour tous les membres et l’obtention de conventions collectives justes et équitables. Tous ces éléments sont au cœur des valeurs des communautés autochtones.
En cherchant à obtenir l’équité et des milieux de travail qui reflètent véritablement la population du Canada, nous renforçons notre syndicat et nous incarnons le meilleur des traditions de ce pays.
La promotion de l’équité et de l’égalité des chances pour les travailleurs autochtones, les travailleurs des diverses communautés culturelles, des travailleurs ayant des handicaps et les travailleurs gais, lesbiennes et transgenres sont une priorité pour notre syndicat. Je suis honorée de travailler avec tous les membres afin de créer un syndicat qui inclut vraiment tous les groupes de notre société.
Terri Monture est agente administrative de la GCM.