Le thème de l’intimidation est à la mode et tous veulent la contrer, pourtant, elle prend souvent des formes sournoises et est tolérée dans plusieurs situations.
C’est ce qu’exprimait Tony Filoto, du Syndicat des travailleurs unis de l’alimentation, dans la foulée d’une vague de syndicalisation dans les chaînes de magasins Future Shop. En entrevue à La Presse Canadienne, il me confiait comment les employés étaient convoqués, un à un, dans le bureau d’un directeur et se faisaient offrir une baisse de salaire, sans quoi, ils étaient congédiés.
Cette pression à la baisse sur les salaires des employés n’est pas isolée. « Ça semble devenir une tendance, qui est servie par les entreprises pour répondre au problème de concurrence », a soutenu M. Filato.
Vrai pour le commerce de détail, avec l’arrivée de Target au Canada, vrai aussi dans les médias avec la montée des journaux gratuits et de la réduction de l’assiette publicitaire.
Mais l’intimidation prend aussi une autre forme dans les médias : la pression de produire de plus en plus rapidement.
Au Royaume-Uni, un syndicat s’est penché sur ces pressions qui s’exercent de l’interne. L’étude révèle que les cas d’intimidation sont répandus.
Les premières données ont émergé dans l’enquête sur la culture au sein du News of the World (Leviston inquiry), à la suite du scandale qui a éclaboussé cette publication. Des plaintes, soumises de manière anonyme, soutiennent que les exemples mis à nus au NOW ne sont pas des cas isolés.
La secrétaire générale de la National Union of Journalists (NUJ), Michelle Stanistreet:, est ferme « il existe une considérable quantité de journalistes qui expriment avoir été victimes de harcèlement et avoir subi des pressions intolérables pour livrer leur matériel ».
Parmi les témoignages reçus, un journaliste senior écrit « Si vous voulez une carrière, le mieux est de la fermer et de rester tranquille ».
Un autre « Les attentes pour un journaliste reporter sont ridicules! Il y a continuellement des demandes irréalistes ».
Le Royaume-Uni est peut-être à une distance considérable de chez nous, mais cette pression est tout aussi présente et la loi du silence tout autant respectée. Combien refusent de réclamer leur temps de pause obligatoire ? Combien acceptent encore de tout faire, sans questionner, d’écrire, filmer, de photographier et de jongler ?
Encore cette semaine, une collègue me disait « si je prends ma pause, je ne réussirai pas à terminer ce qu’on m’a demandé. » Mais alors quitte un peu plus tôt ? – Impossible, il me faudra mettre les bouchées doubles demain.
Sauf qu’à long terme, ce n’est pas l’entreprise qui s’épuise… Mais le citron qui, trop pressé, est forcé de battre en retraite, en repos ou en journée maladie.
L’intimidation, c’est aussi ça.
La refuser, c’est apprendre à dire non ou encore d’exiger des supérieurs une liste de priorités. Il n’y a que 24 heures dans une journée et généralement pas plus du tiers passées au bureau.