Le lock-out à la SRC/CBC entame sa cinquième semaine parce que personne, au sein de la haute direction, n’est directement responsable de ses actes.
Pensez-y : le président de la SRC/CBC, Robert Rabinovitch, a approuvé le lock-out afin de forcer des concessions majeures, soit un modèle d’emploi basé en plus grande partie sur des postes temporaires.
Selon les courriels envoyés à M. Rabinovitch que l’on me fait suivre, et selon les articles de presse, il me semble que les Canadiens, même les plus conservateurs, n’appuient pas cette approche. Mais qui peut changer la stratégie de M. Rabinovitch?
Voilà précisément le problème. Le conseil d’administration de la SRC/CBC devrait être responsable du fonctionnement de la Société envers le public canadien. Il devrait examiner calmement les décisions majeures de la direction, surtout quand les conséquences d’une stratégie s’avèrent tellement désastreuses.
Mais le conseil d’administration est sans président depuis le mars dernier, alors que Carole Taylor démissionnait précipitamment. Depuis, M. Rabinovitch cumule deux postes au sein de la Société, soit p-dg et président du conseil, et il n’est imputable à personne. Le conseil d’administration est donc sans leadership adéquat à l’occasion de la crise la plus importante à survenir à la SRC/CBC de récente mémoire.
Malheureusement, la situation est empirée à cause du fait que huit des douze membres du conseil d’administration sont nouveaux de cette année. Ce taux de renouvellement sans précédent a eu lieu entre février et avril derniers. Beaucoup de ces nouveaux membres débutent dans le monde de la radiodiffusion et dans la culture de la SRC/CBC. Et il n’y a que M. Rabinovitch de disponible pour les conseiller.
Le nouveau conseil d’administration ne s’est pas réuni depuis le début du lock-out et, selon mes informations, n’a pas encore posé à M. Rabinovitch les questions difficiles qui relèvent de son mandat. Si j’étais membre du conseil, j’aimerais savoir exactement ce que cherche la direction en matière de « souplesse » qui n’existe pas déjà (avec des exemples concrets), et précisément ce qui manque dans les conventions collectives actuelles. J’aimerais savoir si l’interruption pendant des semaines du service destiné au public canadien, afin d’arriver aux fins de la direction qui n’ont jamais été précisées, en vaut vraiment la peine. Je demanderais quelle est la stratégie alternative si la première stratégie ne fonctionne pas?
La semaine dernière, la ministre du patrimoine, Liza Frulla, a déclaré que le problème de la SRC/CBC relève non pas de son financement, mais plutôt de sa « gouvernance ». Elle a raison. Quelques jours plus tard, elle a confirmé que Guy Fournier sera le prochain président du conseil d’administration, à condition d’obtenir la confirmation du comité du patrimoine. Il est grand temps! Nous exhortons le comité du patrimoine à confirmer M. Fournier dans le plus bref délai.
Il est grand temps que quelqu’un assume la responsabilité de la SRC/CBC.
Le gouvernement fédéral ne croit pas avoir un rôle direct à jouer, même si c’est lui qui nomme le p-dg, le président du conseil et tous les membres du conseil. Paul Martin n’a rien dit au sujet de la crise, même si un mot de sa part aurait probablement incité M. Rabinovitch à mettre fin au lock-out.
Le conseil d’administration, dont les membres devraient représenter les intérêts du public canadien, demeure dans l’ignorance.
Et la direction de la SRC/CBC? Elle continue de recevoir son financement public après avoir interrompu les services presque partout au pays.
Il semble que, outre l’auditoire et les employés, personne ne subit les conséquences de ce lock-out désastreux. Les gens se préoccupent de l’avenir de la SRC/CBC. Comment une institution – même aussi importante et appréciée – pourrait-elle survivre à un traitement aussi négligent?