Une lettre ouverte de la Guilde canadienne des médias au ministre du Patrimoine, James Moore.
Monsieur le Ministre,
Nous avons été encouragés par vos propos du 17 mars en faveur d’un diffuseur public national qui propose une programmation composée de bulletins de nouvelles locaux, régionaux et nationaux, de séries dramatiques, d’émissions artistiques et d’émissions d’affaires publiques dans les deux langues officielles partout au pays.
Nous tenons à souligner en tout respect que le diffuseur public réagit à une situation hors de son contrôle lorsqu’il tente d’accroître ses revenus tirés de source commerciale afin de payer des émissions importantes qu’il ne pourrait plus se permettre seulement au moyen des crédits parlementaires.
Les crédits parlementaires totalisent environ 1,1 milliard de dollars cette année, ce qui est l’équivalent en dollars constants de leur niveau de 1995. En dollars courants, les crédits de 1995 totaliseraient plus de 1,5 milliard de dollars. Le financement public par habitant accordé à CBC/Radio-Canada est bien en deçà de celui des diffuseurs publics en Europe et en Australie, ce qui lui complique la tâche pour se distinguer des diffuseurs privés.
Le Comité du patrimoine, composé de représentants de tous les partis, a recommandé il y a un an que soit négocié un protocole d’entente de sept ans avec CBC/Radio-Canada. Ce nouveau protocole préciserait les attentes du public et assurerait un financement adéquat et stable, indexé à l’inflation, pour la durée de l’entente. Nous vous demandons d’aller de l’avant et d’évaluer soigneusement le coût du mandat de CBC/Radio-Canada pour faire en sorte qu’elle dispose d’un financement adéquat et qu’elle soit en mesure de réduire sa dépendance aux revenus tirés de source commerciale.
Cette nouvelle structure de financement permettrait à CBC/Radio-Canada de faire son travail à la hauteur des attentes des Canadiens tout en lui conférant une indépendance au jour le jour et année après année par rapport au gouvernement, ce qui constitue un élément crucial de la radiodiffusion publique. Les prises de position du gouvernement à propos de CBC/Radio-Canada annoncées chaque année au moment du budget fédéral laissent souvent planer un risque d’ingérence du gouvernement alors qu’il ne devrait pas y avoir de lien de dépendance.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes sentiments respectueux.
Lise Lareau
Présidente nationale
Guilde canadienne des médias