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La lutte en faveur de l’indépendance des médias se poursuit

Le comportement des télédiffuseurs qui organisent le débat des chefs fédéraux est la plus récente preuve que la lutte en faveur de l’indépendance des médias est loin d’être terminée. Les réseaux de télévision semblaient sur le point d’exclure le Parti vert comme l’exigeaient le Premier ministre, Stephen Harper et le leader du NPD, Jack Layton. Les télédiffuseurs ont changé leur fusil d’épaule seulement lorsque les deux chefs ont laissé tomber leur objection fort impopulaire à la présence d’Elizabeth May au débat.

Ces deux partis politiques ont essuyé la majorité des critiques du public mais il est clair que le Parti vert aurait été inclus comme les autres partis si les télédiffuseurs avaient fait preuve d’un sens démocratique et d’équité la plus élémentaire.

Nous savons qu’il n’est pas facile de s’opposer à ceux qui détiennent le pouvoir. La journaliste à La Presse Canadienne, Jocelyne Richer, en sait quelque chose.

Au mois d’août, la Ministre québécoise de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Michelle Courchesne, est entrée dans la salle de rédaction de la Presse Canadienne à Québec pour enguirlander publiquement madame Richer devant ses collègues car elle avait attribué à la ministre une citation peu flatteuse mais vraie.

Les membres québécois de la Guilde avaient raison d’être indignés et ils ont condamné la tentative de la ministre de faire taire leur collègue. La direction de La Presse Canadienne a logé une plainte officielle. Tant mieux car nous avons bien besoin de ce type de réactions de la part des médias d’information.

Il est vrai que les journalistes qui posent les vraies questions ou qui révèlent la dure vérité ont toujours fait l’objet d’intimidation

De nos jours, des gens très puissants appliquent des pressions sur l’ensemble des organisations de nouvelles. Le responsable du secteur des nouvelles de la CBC, John Cruikshank, a été cité au début du mois dans le quotidien The Toronto Star au sujet du travail de la correspondante parlementaire de la CBC, Krista Erickson. Le directeur des opérations politiques et directeur de campagne du Parti conservateur, Doug Finley, avait sérieusement rabroué M. Cruikshank à la fin de l’année dernière. De toute évidence, les tactiques de fier-à-bras de monsieur Finley ont fonctionné.

Peu de temps après la plainte de M. Finley, la CBC a réagit publiquement pour avouer que la journaliste était coupable d’avoir commis une faute professionnelle et que celle-ci était réaffectée. Non seulement est-il très rare pour un employeur d’émettre un communiqué au sujet de ses relations privées avec un employé mais cet étalage public de la part de la CBC donne l’impression que le parti au pouvoir impose sa volonté aux organisations de nouvelles.

Lorsque les travailleurs, les syndicats et les directions des médias ne dénoncent pas ce type d’intimidation, nous devenons tous plus vulnérables particulièrement lorsque des débats politiques font rage.

Dans un tel contexte, la police peut très bien s’emporter et s’en tirer sans problème. Chez nos voisins du Sud, un photographe de la Associate Press et 3 personnes de l’émission de radio indépendante américaine Democracy Now ont été arrêtés plus tôt en septembre à l’extérieur de la Convention nationale du Parti républicain à St-Paul, au Minnesota. D’autres journalistes indépendants ont été aspergé de poivre de Cayenne et tenu en joue lors de descentes préventive. Un réalisateur aux nouvelles de la chaîne ABC a été arrêté à l’extérieur de la Convention nationale du Parti démocrate à Denver. Les accusations contre lui n’ont pas été abandonnées.

C’est ultimement à nous que revient le devoir de répliquer. Voici donc un des très grands avantages d’être syndiqué : ce statut nous donne la possibilité de travailler au sein d’un groupe et de mener des luttes sur des questions importantes qui touchent notre profession. Le syndicat est là pour vous rappeler que vous n’êtes jamais seul. J’incite tous les membres de la Guilde d’aviser leurs collègues, leurs représentants syndicaux et leurs superviseurs s’ils font l’objet d’intimidation dans le cadre de leur fonction. Vous pouvez aussi me contacter directement en m’écrivant à lise@cmg.ca. Le plus nous serons informer à ce sujet, le plus il nous sera facile de lutter ensemble en faveur de médias vraiment indépendants.

Lise Lareau est la présidente nationale de la Guilde canadienne des médias.

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