Cette semaine à l’Assemblée nationale à Québec, la commission de la culture et des communications se penche sur l’avenir des médias, un enjeu central pour la vitalité de la démocratie. La commission sollicite les avis de diverses entreprises de presse et autres intervenants sur les moyens d’assurer la survie des médias au Québec, et d’évaluer comment le gouvernement peut y contribuer.
Un développement tout récent dans la crise des médias viendra alimenter les discussions : le risque de voir disparaître les six journaux de Groupe Capitales Médias (GCM).
La situation chez GCM devrait inquiéter encore beaucoup plus qu’elle ne le fait, bien que cette inquiétude soit déjà considérable.
La Guilde canadienne des médias (La Guilde), qui représente les quelque 180 travailleurs de The Canadian Press – La Presse canadienne parmi ses 5000 membres partout au pays, s’inquiète grandement de l’impact de la situation à GCM sur les journalistes, photographes, chefs de nouvelles, traducteurs et autres professionnels de l’information œuvrant au sein des services français de l’agence de presse.
Déjà touchée par plusieurs réductions de personnel ces dernières années, la salle de nouvelles de La Presse canadienne pourrait subir un coup de la perte de revenus provenant de GCM.
L’impact pourrait aussi se faire ressentir dans les salles de nouvelles de nombreux autres médias au Québec.
C’est qu’il y a un effet domino largement méconnu dans le débat.
GCM est un abonné de La Presse canadienne, qui, par son rôle d’agence de presse plus que centenaire, constitue une source de contenu majeure pour de nombreux médias et organisations au Québec. Elle est un élément crucial de l’écosystème de l’information en fournissant à ses abonnés, dont les ressources ne cessent de diminuer depuis des années, des informations et des services qui seraient difficiles à remplacer.
La Presse canadienne fournit du contenu écrit et audio – beaucoup de contenu – entre autres à La Presse, au Devoir, à Radio-Canada/CBC, à Cogeco, au journal Métro, au journal Les Affaires, au Huffington Post et à L’Actualité.
La Presse canadienne tient à jour un calendrier des événements, et informe ses médias clients de ses plans de couverture.
Les services de La Presse canadienne permettent à ces médias clients de réaliser d’autres couvertures et de produire du contenu original d’enquête.
La fermeture de GCM serait une catastrophe pour les populations de Saguenay, Québec, Trois-Rivières, Granby, Sherbrooke et Gatineau et de leurs régions. Et elle aurait un impact sur La Presse canadienne et, donc, sur tous ceux qui y sont abonnés.
Québecor a exprimé son intérêt à faire l’acquisition de GCM. Ce qui préoccupe la Guilde canadienne des médias est l’impact que ce rachat aurait sur la salle de rédaction de La Presse canadienne et sur l’écosystème de l’information.
Québecor s’est désabonné de La Presse canadienne il y a plusieurs années. Son président et chef de la direction Pierre Karl Péladeau a signalé son intention en entrevue à divers médias, d’également retirer l’abonnement des journaux de GCM à l’agence de presse.
La situation précaire des services français de La Presse canadienne risque d’entraîner l’affaiblissement, voire la perte, d’un pilier de l’information au Québec.
La branche québécoise de Vice a déjà mis la clé sous la porte cette année. Et la crise des médias est bien réelle.
Les pistes de solution existent, et seront examinées cette semaine en commission.
La Guilde canadienne des médias appuie plusieurs des initiatives ayant été évoquées. Nous sommes en faveur de toute mesure visant à appuyer le journalisme original et à protéger, voire rebâtir, les salles de nouvelles souffrant d’un manque de revenus. Nous soulignons que La Presse canadienne doit avoir accès à toute mesure mise en œuvre, compte tenu du rôle important qu’elle joue au sein de l’écosystème de l’information.
Le travail effectué par les journalistes et les travailleurs médias à La Presse canadienne / The Canadian Press est absolument indispensable pour les Québécois et tous les Canadiens. Nos collectivités ont besoin d’un journalisme rigoureux et fiable; ce travail est vital pour nos collectivités au plan culturel et démocratique.
Depuis plus de 100 ans, La Presse canadienne / The Canadian Press est l’un des services médiatiques parmi les plus fiables au pays. Il faut tout faire pour ne pas nuire à ce travail et à l’importance qu’il représente pour nous tous.
Le journalisme de qualité est indispensable au développement de nos collectivités et au bon fonctionnement de nos démocraties.
Jean Philippe Angers
Président de l’unité du Québec de la branche La Presse canadienne
Guilde canadienne des médias
Karen Wirsig
Conseillère syndicale
Guilde canadienne des medias
Kamala Rao
Présidente
Canadian Media Guild / Guilde canadienne des médias