L’industrie canadienne de la télévision s’apprête à créer à partir de 2011 un immense fossé numérique entre les téléspectateurs des régions urbaines et ceux des petites localités et des régions rurales. C’est en 2011 que les diffuseurs devront mettre au rancart les transmetteurs analogues et conclure la transition vers la télé numérique.
Pour ceux d’entre nous qui vivons dans les grandes villes du pays comme Toronto, Montréal, Ottawa et Vancouver (ces mêmes villes où habitent ceux qui prennent les décisions dans ce dossier), nous pourrions bientôt capter plus de stations en direct que jamais auparavant. Les diffuseurs s’affairent déjà à installer des émetteurs numériques dans les plus importants centres urbains du pays.
Les téléspectateurs des plus petites localités qui comptent sur leur antenne ou leur antenne en V risquent de ne voir que de la neige sur leur petit écran à moins de s’abonner à un service de câble ou de satellite.
Tout ça parce que les diffuseurs, incluant Radio-Canada et TVOntario, ne semblent pas avoir l’intention de renouveler leurs centaines de petits émetteurs qui transmettent des signaux de télévision gratuits dans des communautés comme Rimouski au Québec, Goose Bay à Terre-Neuve, Nipigon en Ontario et Kamloops en Colombie-Britannique. Les diffuseurs croient que les téléspectateurs de milliers de communautés d’un océan à l’autre qui captent les signaux en direct devraient se résigner à devenir clients d’un service de câble ou de satellite.
La GCM a commandé cette année une étude et a découvert un moyen abordable d’émettre le signal de télévision numérique dans les petites localités.
Parce que les signaux numériques ont une plus grande capacité, jusqu’à six diffuseurs pourraient partager un émetteur à l’aide d’un multiplexeur afin d’émettre le signal de six stations différentes à partir d’une seule fréquence. Il s’agirait d’une façon encore plus économique que celle présentement utilisée dans les petites communautés à l’aide des émetteurs analogiques où les diffuseurs partagent des tours et, dans certains cas, leur entretien.
Les diffuseurs américains utilisent déjà des multiplexeurs pour émettre chacun plus d’une station locale. Dans la ville de New York, les 20 diffuseurs de signaux en direct transmettent gratuitement un total de 55 stations à l’aide de leurs émetteurs numériques. Certains signaux sont en HD et la plupart sont en définition standard. Chaque diffuseur possède son propre émetteur et transmet différentes voies intermédiaires, qui ont généralement un contenu différent, en plus de sa station en HD.
Il est logique de croire que les diffuseurs canadiens, qui ont déjà installé des émetteurs numériques de signaux en direct dans les grandes villes, vont chacun offrir plus d’une station gratuite dans ces endroits.
Ajoutez à cela toutes les stations américaines qui se trouvent le long de la frontière et les consommateurs canadiens qui vivent dans les grandes villes du pays comme Toronto et Vancouver pourraient bientôt avoir l’embarras du choix.
Il n’est vraiment pas juste que l’avènement de la télévision numérique va profiter énormément aux gens des grandes villes qui ne voudront pas payer pour le service de câble ou de satellite et, qu’en même temps, ce nouveau développement signifie la fin de la télévision gratuite dans tellement de localités ailleurs au pays. C’est d’autant plus injuste quand on pense qu’il existe une belle occasion d’augmenter le nombre de stations gratuites dans des endroits qui ont toujours été sous desservis.
L’étude effectuée par la Guilde utilise des vrais devis de fournisseurs d’équipement pour déterminer combien coûterait aux diffuseurs le partage d’un multiplex dans une petite communauté. Nous avons estimé, qu’en moyenne, il coûterait 132 000$ pour mettre à jour et « multiplexer » un seul émetteur. Si 6 diffuseurs se montraient intéressés, le coût moyen par diffuseur serait de 22 000$ par localité…soit le prix d’une modeste voiture de type familial. Les téléspectateurs locaux recevraient un bénéfice des plus intéressant, soit 6 stations locales et régionales de qualité sans avoir à débourser un sou.
En Grande-Bretagne, le partage de multiplexeurs permet aux téléspectateurs de syntoniser gratuitement des douzaines de stations de télévision.
La question est maintenant de savoir si les diffuseurs canadiens sont prêts à relever le défi de sauvegarder la télévision gratuite à la grandeur du pays ou s’ils vont simplement s’assurer de pouvoir décharger les coûts de livrer leurs signaux aux abonnés du câble et du satellite. Nous aurons la réponse à cette question lorsque les réseaux de télévision se présenteront au début de la prochaine année devant la CRTC au moment de renouveler leur licence de diffusion.
En attendant, la GCM fait déjà circuler les résultats de leur étude auprès des diffuseurs et des différents groupes de l’industrie. Le syndicat lance une campagne pour la sauvegarde de la télévision gratuite au Canada. Pour vous joindre à cette campagne, vous pouvez écrire à freetv@cmg.ca ou vous pouvez appeler au 1 800 465-4149.
Cliquez ici pour de plus amples renseignements au sujet de la télévision gratuite au Canada.