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Le festival Mayworks s’attaque à la sous-représentation, exploitation et xénophobie qui sévissent dans le monde du travail

Catriona Spaven-DonnPar Catriona Spaven-Donn

Imposants, les hauts édifices et les grues qui se profilent sur le ciel de Toronto encadrent le bureau où est assise Nahed Mansour, la directrice du festival Mayworks. C’est dans ce décor qu’elle parle de l’objectif de Mayworks, qui est de rendre hommage à la participation citoyenne. Ce paysage urbain d’aspect sinistre illustre bien ses propos : « les macrostructures écrasent les gens et les aliènent ». Pour N. Mansour, ce qui crée une société participative, c’est l’action à la base.

Le festival Mayworks vise à rendre la parole aux marginaux et aux opprimés, pour faire contrepoids aux discours dominants de la sphère politique. Se détournant des édifices qui encombrent le ciel, Mayworks cherche à dénicher les espaces oubliés de la ville et à les animer. N. Mansour affirme que les nouvelles qui circulent dans les médias de grande diffusion ne viennent pas des citoyens et ne représentent pas leurs points de vue, tandis que Mayworks  « laisse aux gens le soin d’offrir leurs propres témoignages ».

Cette année, les témoignages portent sur le travail des immigrants chinois en terre sauvage, dans le cadre de l’exposition « Before and After » (jadis et maintenant), ainsi que sur le combat des résidents du quartier Jane et Finch et la campagne pour un salaire minimum de 14 $, qui s’inscrivent sous le thème « Struggle for Economic Justice » (combat pour la justice économique). Le festival aborde la question des conditions de travail en faisant appel à l’art en tant qu’outil de changement social. « La politique a besoin de l’art autant que l’art a besoin de la politique, affirme N. Mansour. Les médias visuels, les actes de parole, le théâtre et les autres formes d’art sont tous d’une grande importance stratégique pour discourir des structures politiques ».

Sous le thème « Food, Land and Colonialism » (alimentation, terre et colonialisme), Cass Gardiner présente un documentaire intitulé The Edible Indian, dans lequel trois chefs cuisiniers autochtones parlent de leurs plats traditionnels favoris et de leurs liens à la terre. La projection s’accompagnera d’une lecture de poésie par Ghadeer Malek, militante féministe palestinienne et poétesse vernaculaire. G. Malek, dont le nouveau recueil, I Exist, fait le lien entre les luttes des Autochtones, des femmes et des travailleurs, affirme « mon combat, c’est mon art »,  ce qui illustre parfaitement la double orientation du festival. « J’ai appris que la poésie engagée ne consistait pas à prêcher des idéaux politiques, mais à révéler la réalité et la complexité des expériences individuelles », commente-t-elle.

Le programme du festival présente des perspectives uniques et variées qui se font écho d’une génération à l’autre et d’une communauté à l’autre. N. Mansour explique que l’objet du festival est de s’attaquer à la sous-représentation, l’exploitation et la xénophobie qui sévissent dans le monde du travail. En acceptant les soumissions émanant d’artistes, de travailleurs, de groupes et d’organisateurs de campagnes en faveur de la justice sociale, le festival « élargit la définition du mot travailleur dans le champ de la représentation plutôt que dans le champ sémantique ». Intérimaires, travailleurs migrants, jeunes et femmes y sont reconnus en tant que groupes marginalisés depuis toujours par le mouvement syndical. Le « Women’s Labour History Walking Tour » effectue un recadrage en mettant à l’honneur des femmes qui, depuis le XIXe siècle, ont marqué les luttes syndicales. Cette visite guidée d’une heure et demie traverse de hauts lieux de la contestation et de la lutte féministe, tels le campus de l’Université de Toronto, l’avenue Spadina et le Centre Eaton.

D’autres événements offrent, au cœur des quartiers, des lieux accessibles pour l’engagement politique et les luttes de solidarité. Artistes, citoyens engagés et travailleurs ont ainsi la possibilité de remettre en question les réalités sociales et politiques du monde du travail et de les redéfinir. G. Malek affirme que le festival fournit, sur l’art et les questions relatives au travail, un lieu de dialogue « tout à fait nécessaire et pourtant absent » du reste de la société.

Selon elle, Mayworks montre bien « que les luttes ne sont pas isolées, mais que le monde est tissé de liens étroits, que nous sommes influencés les uns par les autres, que les actions de résistance que chacun d’entre nous menons de façon séparée ne peuvent pas exister de façon isolée, mais qu’elles naissent d’une prise de conscience du fait que nous sommes tous touchés par l’injustice ; que l’oppression et l’exploitation ne sont pas des épiphénomènes isolés, mais qu’elles s’inscrivent dans l’histoire, les procédures, systèmes et institutions, et dans ce qu’il est convenu d’appeler « la démocratie ».

Le festival Mayworks se tiendra du 1er au 15 mai, en divers lieux de la ville de Toronto. Pour en savoir plus, visitez http://mayworks.ca/2014-festival-program.

Catriona Spaven-Donn est une étudiante écossaise du premier cycle à l’université de Toronto où elle étudie l’espagnol, l’anglais et le français. Elle est également rédactrice nouvelles pour le journal de Victoria College de l’établisssement, The Strand. Catriona est membre associée du SCA|CWA Canada et pour ce projet c’est Aparita Bhandari, membre de la Guilde à CBC Toronto qui était son mentor.

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