Le journalisme, c’est plus important que jamais
Une douzaine de d’organisations médiatiques collaborent à une campagne inédite – la toute première campagne nationale promouvant le métier de journalisme.
L’initiative peut paraître étrange – puisque les journalistes sont par le biais de leur emploi « à la une », mais le fait est que nous ne faisons pas suffisamment la promotion de la profession, et nous ne partageons pas `;a quel point une presse libre et indépendante est importante pour la démocratie. Ce n’est pas un hasard si chaque pays développé compte des journalistes professionnels et un environnement médiatique qui encourage l’échange et la divulgation d’informations cruciales.
Voilà pourquoi des représentants de nombreuses organisations d’informations canadiennes et de syndicats des médias viennent de lancer une série d’annonces nationales. Le but : favoriser la compréhension et l’appréciations du journalisme de qualité au moment où cette industrie est aux prises avec des transformations considérables dues en premier lieu aux changements technologiques.
Dans un contexte où la rumeur et les potins semblent se mêler aisément aux faits, les journalistes nous rappellent qu’il est encore plus important que jamais de vérifier l’information.
Lors du lancement de la campagne JournalismIS, la journaliste renommée Chantal Hébert a souligné que c’est en faisant du bon journalisme que nous faisons avance le journalisme. Je suis tout à fait d’accord. Nous devons faire tout notre possible pour appuyer ce qui permet de faire du bon journalisme.
La campagne est parrainée par Ryerson University Journalism School, L’Association canadienne des journalistes (CAJ), les quotidiens Globe and Mail et Toronto Star ainsi que les journaux Metroland, Bell Media CTV, Postmedia, Communications Workers of America, Newspapers Canada, TC Media, Winnipeg Free Press, Cartt.ca, Glacier Media Group, ainsi que Black Press, Unifor, SCA Canada et la Guilde.
Pour en savoir plus : Visitez le site Web de la campagne JournalismIS.ca, et lisez ces questions et réponses de la journaliste et porte-aprole de JournalismIs Mary Agnes Welch
Carmel Smyth
Présidente nationale de la Guilde
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5 Questions sur le journalsime avec Mary Agnes Welch
Q 1: Pourquoi cette campagne ?
Parce que le moment est crucial. Le journalisme vit une transition et il est vraiment important d’attirer l’attention sur le fait que les journalistes font un travail vital dans notre pays, dans nos collectivités et à l’échelle mondiale. Nous voulons rappeler aux gens que malgré tous les changements – merveilleux et moins merveilleux – nous avons besoin d’un journalisme professionnel, indépendant et de qualité si nous voulons que notre démocratie fonctionne.
Q2: Certains disent que l’essor des médias sociaux a remplacé le journalisme, qu’en pensez-vous ?
Je crois que même les partisans les plus enthousiastes des médias sociaux reconnaissent aujourd’hui les limites du journalisme citoyen. Je ne pense que nous puissions remplacer les fonctions fondamentales de fouiller et d’enquêter sur des sujets, d’établir les sources et de vérifier l’information, et de veiller à ce que le public soit tenu informé par des personnes indépendantes qui ont le temps et les ressources pour faire le travail. Cela dit, les médias sociaux rehaussent ces aspects et je croix qu’ils alimentent le journalisme de façons très enrichissantes. Les médias sociaux ont révolutionné la manière dont nous communiquons avec les Canadiens et comment ils communiquent avec nous, et ils nous ont rendu beaucoup plus redevables, ce qui ne peut jamais nuire.
Q3: Dans quelle mesure ête-vous préoccupée par la crise actuelle dans le financement du journalisme ?
Très préoccupée. Le travail que font les journalistes ne peut être effectué au niveau désiré sans financement approprié. Cela prend du temps, les bons outils et la bonne formation, de l’expérience et des fonds, que ce soit dans les médias de service public que les médias appartenant aux privés. J’espère que cette campagne aidera à mettre en lumière ce qu’il faut pour produire constamment des reportages de grande qualité, et que le financement viable est un facteur important.
Q4: Vous avez dit que les journalistes ne parlent pas suffisamment du travail qu’ils font, qu’aimeriez-vous qu’ils fassent ?
En tant que journalistes, nous ne parlons que de journalisme. Tenez-vous en compagnie de n’importe quel-lle journaliste et ils n’arrêteront pas de parler des reportages sur lesquels ils travaillent, ce qui s’est passé dans le « scrum » ce jour-là, quels journalistes ils admirent et lesquels sont plutôt moyens. Nous sommes assujettis en fait à un code d’éthique très sophistiqué et nous nous plaignons tout le temps de ce qui violent ce code. Mais nous ne parlons de tout cela qu’entre nous. Il faut que nous ayons cette conversation avec les Canadiens. La manière dont nous travaillons est un peu mystérieux pour la plupart des gens. Nous devons parler de ce qu’il faut pour créer du bon journalisme et parler aussi de ce que les gens sont en droit d’attendre de nous. Nous aurions dû faire tout cela depuis longtemps, mais c’est surtout important maintenant.
Q5: Que dites-vous aux jeunes qui envisagent se lancer dans ce domaine
Il n’ y a tout simplement pas de travail qui soit plus intéressant. Si vous vous ennuyez en tant que journaliste, vous vous y prenez mal. On abandonne beaucoup de choses pour être journaliste. On ne peut pas être actif politiquement. On doit faire attention pour conserver son indépendance. Vous n’allez jamais gagner d’énormes sommes d’argent. Vous n’aurez jamais une véritable sécurité d’emploi. Certains jours l’incroyable absurdité des interactions avec le gouvernement est tout simplement ridicule. Mais vous êtes aux premières loges de tous les aspects du monde – les petites choses comme un matin dans une garderie d’un centre-ville et les grosses choses comme la fin de la dynastie conservatrice en Alberta. Et ce faisant, en essayant de mettre en lumière des problèmes, il se peut que vous rendiez les choses un tant soit peu meilleures, un peu plus justes dans votre ville ou province.
Mary Agnes Welch est journaliste en politique publique avec le Winnipeg Free Press