Le 15 août à minuit, la direction de la SRC/CBC a procédé au lock-out de 5 500 membres de la Guilde canadienne des médias (GCM). À Régina, nous nous sommes rapidement rendu compte que nous n’étions pas seuls sur le piquet de grève. Cinq membres du syndicat Retail Wholesale Department Store Union de la Saskatchewan s’étaient joints à nous. Ils sont des travailleurs à l’entretien ménager qui nettoient l’édifice où nous travaillons. Cette démonstration de solidarité a impressionné et beaucoup plu.
Greg and Marquita au piquet de grève de la GCM
Après quelques jours, nous leur avons dit qu’il n’était pas nécessaire pour eux de subir le même sort que nous. Ils nous ont répondu poliment : « Nous ne traversons pas les piquets de grève. Nous serons parmi vous tant que le lockout durera. » Nous étions profondément émus.
Ces cinq personnes ne gagnent pas tellement plus que le salaire minimum. Ils ne nous connaissaient pas vraiment. Malgré cela, ils étaient prêts à renoncer à leur salaire et mettre leur emploi en péril par principe. Plusieurs d’entre nous se sont questionnés à savoir si nous ferions la même chose.
La plupart de nous ne connaissaient pas avant le lockout Crystal, Marquita, Greg, Linda ou Kirsten. Comme la majorité des travailleurs à l’entretien ménager, ils arrivaient vers 16 heures et ils revêtaient leur blouse-tablier bleu. Ils travaillaient à vider nos poubelles, à laver les toilettes, à passer la vadrouille et l’aspirateur pendant que nous étions affairés à la mise en ondes des bulletins de nouvelles radio et télé de la fin de la journée. Certains d’entre nous les saluaient cordialement et échangeaient avec eux quelques mots. Mais nous ne les connaissions pas vraiment.
Cette situation a rapidement changé. Nous partagions avec eux les dons en nourriture que nous recevions sur le piquet de grève et nous nous assurions qu’ils étaient invités à tous nos événements.
À un moment donné, nous avons appris que leur employeur allait les renvoyer parce qu’ils ne travaillaient pas. Le Comité national de négociations de la Guilde a informé la SRC/CBC que ces cinq employés à l’entretien ménager devaient garder leur emploi et qu’ils ne devaient pas subir de sanction. Quelques jours plus tard, nous avons eu connaissance que leur employeur, Omni Facility Services avait changé d’avis. Omni est un sous-traitant de SNC-Profac et fournit ses services de nettoyage dans notre édifice. C’était un point en notre faveur.
Lors de la sixième semaine du lock-out, nous avons découvert que nous faisions le double d’eux en allocation de grève. Ils ne se sont jamais plaint de leur sort. Mais nous savions que leur situation financière n’était pas très rose après autant de temps sans leur salaire régulier.
Au nom de l’exécutif de notre unité locale, j’ai demandé à la présidente de la Guilde, Lise Lareau, si le syndicat national pouvait faire un don pour aider nos cinq supporters. Lise et moi en avons discuté et elle a décidé que la meilleure solution était de bonifier leur allocation de grève au même niveau que le nôtre.
Le mardi après notre retour au travail, nous avons convoqué les cinq employés de l’entretien ménager à la Galleria de l’édifice de la SRC/CBC à Régina. En guise de notre appréciation, nous leur avons donné des cadeaux. Ensuite, j’ai eu l’honneur de leur remettre à chacun un chèque d’environ 1000$.
Ça fait 29 ans que je milite au sein du syndicat à la SRC/CBC. Je peux vous dire que jamais des individus et leurs actions ne m’ont autant touché.
Ils m’ont appris une leçon sur le véritable sens d’être membre d’un syndicat.
J’ai toujours cru qu’un des principes du syndicalisme était que les grands aidaient les petits. J’ai maintenant appris qu’une poignée d’individus peut avoir une très grande influence sur un plus grand groupe de personnes.
Il s’agit là d’une très grande leçon.
J’aimerais remercier Crystal, Marquita, Greg, Linda et Kirsten de leur dévouement. Un gros merci aussi à Lise Lareau et à l’exécutif national d’avoir aider nos nouveaux compagnons.
Kenn Sunley est le président local de la Guilde à la SRC/CBC à Régina et il est le directeur pour l’Ouest à l’exécutif de la sous-section de la SRC/CBC.