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L’importance pour notre syndicat de sauvegarder les nouvelles locales

Il n’y a pas de doute que nous vivons des temps troubles. Des organisations de nouvelles ferment leurs portes partout en Amérique du Nord. Mais le phénomène se produit très différemment des deux côtés de la frontière.

Aux Etats-Unis, ce sont les journaux qui éprouvent des difficultés. Le magazine Time a publié récemment une liste des dix prochains quotidiens qui risquent de glisser la clé sous la porte (TEN next newspapers, en anglais seulement) à la suite de la fermeture du Rocky Mountain News de Denver, au Colorado.

Au Canada, l’impact négatif n’affecte pas les journaux mais plutôt les stations de télévision des marchés de petite et de moyenne tailles. Premièrement, Canwest a annoncé son intention de vendre cinq stations E! À Montréal, à Hamilton, à Red Deer, à Kelowna et à Victoria. Ensuite, CTV annonce la fermeture des stations de Brandon, au Manitoba, et de Wingham et de Windsor, en Ontario. De plus, ce réseau anglais va abolir 118 postes et mettre un terme aux téléjournaux des stations A channels à Ottawa, à Barrie, à London, à Victoria et à Halifax.

Contrairement aux réseaux américains, les réseaux canadiens prétendent que le modèle de télévision conventionnelle ne fonctionne pas et que ces marchés ne peuvent tout simplement plus soutenir des stations de télévision locales. Mais il y a des failles dans cet argument. Ces mêmes réseaux font partie des conglomérats médiatiques qui ont les plus hauts niveaux de concentration au monde. Dans leur frénésie d’achats pour devenir de grands empires médiatiques, ces entreprises ont fait deux choses : ils ont avalé leurs concurrents et ils se sont retrouvés avec énormément de dettes. Leur stratégie publicitaire a pris un tournant national et elles ont progressivement réduit les ressources des salles de nouvelles locales afin de « rentabiliser les synergies » de toutes leurs acquisitions. C’était un plan de destruction de notre propre industrie médiatique « Fabriqué au Canada ».

La Guilde décrit depuis des années cette tendance. Elle s’est souvent retrouvée seule ou elle n’a reçu que très peu d’appui. Pourquoi ? Parce que nous l’avons appris à la dure grâce à Robert (« mon fils ne regarde pas les informations locales ») Rabinovitch alors qu’il dirigeait la SRC/CBC. Nous avons constaté à quel point il est destructif de couper à la source même des informations. C’est mauvais pour les communautés et encore pire pour l’industrie. Pour être franc, c’est là où se trouvent les emplois. En plus, les téléspectateurs n’apprécient pas. Plusieurs études démontrent que les gens veulent voir des informations locales lorsqu’ils regardent la télévision.

Alors que nos membres subissent toutes ces mises à pied, et qu’il risque d’y en avoir davantage, la Guilde se doit d’être attentive au plus grand contexte et elle doit continuer d’être une voix forte dans la sauvegarde des informations locales. Et cela, non seulement pour nos membres qui travaillent dans les stations de la SRC/CBC et pour les agences de nouvelles partout au pays, mais aussi pour nos confrères et consœurs qui font le même travail chez les diffuseurs privés.

Nous avons connu du succès malgré un contexte déprimant. À la suite de nos interventions, le CRTC a initié en octobre dernier ce qu’il appelle le Fonds pour l’amélioration de la programmation locale (FAPL). Ce fonds de 60 millions de dollars provient des revenus des câblodistributeurs et des fournisseurs de service par satellite. Cette somme est destinée aux plus petites stations qui devront augmenter la production de nouvelles locales. Il reste des détails à régler et nous devons continuer de faire valoir son but originel : l’appui à plus de contenu local dans les téléjournaux des plus petites communautés.

Nous espérons que l’argent de ce fonds et le militantisme des membres de la Guilde dans des villes partout au pays mettront de la pression sur le gouvernement Harper et sur la direction de la SRC afin qu’ils préservent tous les services radio, télé et en ligne même en cette période de restrictions budgétaires.

Il y existe d’autres initiatives qui méritent du soutien. Les employés de la station CHCH à Hamilton, une des stations de télévision E! À vendre, tentent d’acquérir la station selon un modèle de propriété communautaire avec l’espoir d’avoir accès au FAPL. Et ce, après que le présentateur de nouvelles et le réalisateur aient été parmi les seuls journalistes au pays à courageusement aborder le sujet de la crise des médias. Ils avaient diffusé à leur émission des panels de discussion où la Guilde avait pu fournir beaucoup d’information sur la question. Tout cela s’est produit avant même que leur station soit mise aux enchères.

On ne peut parler de la sauvegarde des salles de nouvelles locales sans mentionner une lutte semblable menée par la Guilde. Il s’agit du combat pour la sauvegarde de la télévision par la voie des ondes gratuite dans toutes les communautés du Canada et pas seulement dans les grands marchés comme le veulent les diffuseurs. Ces deux questions sont intimement liées et vitales pour l’identité communautaire et l’accès à des informations locales élémentaires.

Nous croyons aussi qu’il existe d’autres types d’appuis aux stations locales. L’un d’eux est le modèle d’entreprise sociale, comme en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis où on les surnomme les L3C. Il s’agit d’une façon de financer des projets à forte teneur sociale, qui visent un profit minimal et qui rendent un service public comme un service d’informations. L’ancien premier ministre canadien, Paul Martin, est un fervent promoteur de ce type de structure d’entreprise. Mais il paraît qu’il est difficile de vendre cette idée à l’actuel ministère fédéral des Finances. Nous espérons créer des liens avec d’autres groupes afin de promouvoir l’idée de modèles de type L3C au Canada.

Le travail de sauvegarde du secteur de l’information au sein du radiodiffuseur public et à l’extérieur doit se faire sur plusieurs fronts. Les membres et le personnel de la GCM jouent un rôle primordial, et se retrouvent parfois bien seul dans ces campagnes et il est extrêmement important de poursuivre ces efforts.

Lise Lareau est la présidente nationale de la GCM.

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