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L’industrie canadienne traîne des pieds pendant que la télévision gratuite fait sa rentrée

Un nombre surprenant de personnes ne savent pas qu’il est possible de regarder la télévision en direct sans être abonné à un service de câble ou de satellite ou même sans lecture en transit d’émissions sur l’internet. La télévision en direct gratuite est un secret bien gardé, une chose que l’industrie elle-même est réticente à mieux faire connaître. Vous allez peut-être en entendre parler ici pour la première fois, mais les gens qui vivent en milieu urbain peuvent en principe syntoniser un nombre appréciable de stations de télé à l’aide d’une antenne en oreilles de lapin. Et ça ne coûte rien.

Ce n’est pas illégal et, bien qu’il s’agisse de la première et de la plus ancienne façon d’envoyer des signaux à un téléviseur, ce n’est pas démodé. Les gens qui ont un téléviseur numérique (acheté depuis un ou deux ans) et qui ont admiré la beauté de l’image qui vient des nouvelles stations numériques en direct sont impressionnés. La qualité est fantastique et il n’y a pas de coût mensuel.

Malheureusement, il y a un piège. Les télédiffuseurs canadiens continuent d’être réticents à changer leurs émetteurs pour les remplacer par une technologie numérique. Conséquence : la télé numérique gratuite n’est pas disponible dans plusieurs communautés partout au pays. Si les télédiffuseurs canadiens en font à leur tête, la télé numérique gratuite pourrait ne jamais être disponible dans les plus petites villes et dans les régions rurales même après la date limite d’août 2011, date à laquelle les émetteurs analogiques, qui diffusent présentement la télévision gratuite partout au pays, seront mis au rancart.

Lorsque la Guilde a commencé en 2006 à examiner le passage à la télévision numérique dans le monde, l’attitude prédominante au Canada était que la télévision en direct était une chose du passé. Ça laissait sous-entendre que les seuls téléspectateurs qui étaient importants aux yeux des télédiffuseurs étaient les abonnés aux services de câble et de satellite. Il n’y avait donc pas de raisons pour les réseaux de dépenser de l’argent pour mettre à jour leurs émetteurs sur le point de devenir obsolètes. Ils auraient peut-être à accommoder d’une manière ou d’une autre les téléspectateurs de la télévision en direct qui restaient, mais ce n’était pas une situation qui allait préoccuper les télédiffuseurs.

De retour en 2009 et rien n’a changé. Sauf le passage au numérique aux Etats-Unis qui sera complété à la fin du mois de juin qui semble annoncer une nouvelle renaissance de la télévision en direct. Pour ceux qui habitent près de la frontière américaine, il y a eu une explosion dans la disponibilité de stations de télévision numériques.

« Karim Sunderani change les postes d’un téléviseur HD à écran plat de 40 pouces dans son commerce de Mississauga, Regardez et épargnez », titrait le Toronto Star à la une du 26 mai. « L’image est claire comme du cristal et le son est puissant. Mais ces images HD saisissantes ne proviennent pas du câble ou du satellite. Elles viennent du signal en direct. Et c’est gratis. »

« ‘Vous n’avez besoin que d’une antenne, comme dans le bon vieux temps, et d’un téléviseur HD avec syntoniseur numérique’, dit M. Sunderani. Il ajoute qu’il a vendu plus de mille antennes par mois depuis le mois de mars. »

Au beau milieu d’une récession qui ne serait pas intéressé de réduire ses états de compte d’au moins 60$ par mois ?

Bien sûr, les télédiffuseurs prétendent qu’ils sont sans le sou. Ils veulent produire moins de programmation canadienne, ils veulent des redevances de la part des entreprises de service de câble et de satellite en échange de leur signal et ils ne veulent pas ériger des émetteurs numériques, sauf dans les grands centres du pays. Ils prétendent que chaque émetteur coûte un million de dollars.

Le CRTC commence à se pencher sérieusement sur cette question. Lors des audiences du mois d’avril, la Commission a demandé aux télédiffuseurs de justifier leur plan de passage vers le numérique. De toute évidence, les commissaires étaient à la recherche d’autres solutions que mettre les émetteurs au rancart dans de grandes régions du pays et ainsi de refuser à environ un tiers des Canadiens l’accès à un signal de télévision en direct gratis.

La GCM était munie d’informations détaillées sur la façon don’t les télédiffuseurs pourraient améliorer le service gratuit de télévision dans les plus petites communautés à l’aide d’une approche plus économique que celle des émetteurs numériques. Notre proposition a été bien reçu par les commissaires, incluant le vice-président Michel Arpin qui a dit : « J’espère que les gens ont bien entendu votre suggestion, car elle vaut la peine qu’on s’y attarde. »

Comme nous l’avons fait remarqué auparavant, un seul émetteur numérique peut diffuser jusqu’à six stations numériques à partir d’une seule fréquence. En réutilisant le plus d’équipement existant possible, la communauté moyenne pourrait bénéficier d’un service de télévision gratuite amélioré pour un coût approximatif de 156 000$. Une fois cette somme divisée entre 6 télédiffuseurs, le coût pour desservir les téléspectateurs devient vraiment très bas. En plus de leur antenne régulière, les téléspectateurs n’auraient besoin que d’un téléviseur numérique ou d’un convertisseur pour leur appareil analogique. Ils seraient ainsi en mesure de syntoniser gratuitement jusqu’à 6 canaux en direct, au lieu de deux ou trois comme c’est le cas présentement.

Le fournisseur du service satellite ExpressVu, Bell TV, a présenté sa propre alternative qui était moins étoffée. Bell proposait de consacrer de la capacité disponible à un service satellite appelé « Freesat » pour les Canadiens des plus petites localités et des milieux ruraux qui ne sont pas abonnés au câble ou à un service satellite. Bell capterait une variété de signaux de télévision en direct et retransmettrait six canaux locaux et régionaux aux téléspectateurs par le biais d’un récepteur spécial de signaux de satellite. Selon la proposition mise de l’avant par Bell, des télédiffuseurs éducatifs provinciaux comme TVO, don’t plus de 20% de leurs téléspectateurs proviennent du signal de télévision en direct, ne ferait pas partie du service « Freesat ».

L’équipement nécessaire pour profiter de « Freesat » coûterait à chaque téléspectateur autour de 500 $. Bell détournerait des sommes destinées au Fonds pour l’amélioration de la programmation locale pour défrayer ses coûts administratifs. Les télédiffuseurs auraient à payer entre 5 000$ et 10 000$ par mois pour envoyer leurs signaux aux installations de Bell à Toronto afin qu’ils soient ensuite transmis au satellite.

Les deux approches seront certainement examinées davantage à l’automne lors des prochaines audiences du CRTC sur la télévision. La GCM va continuer d’affirmer qu’il ne faut pas abandonner la télévision en direct gratuite au Canada. Sinon, un nombre croissant de gens se tourneront exclusivement vers l’internet pour s’informer et se divertir, ce qui serait un autre coup dur pour la télédiffusion en général et pour les nouvelles et la programmation locales en particulier.

Nous sommes aussi de l’avis que priver d’un signal de télévision en direct gratuit des grands pans de la population canadienne parce qu’ils se trouvent hors des grands centres, n’est pas une bonne politique publique.

Pour de plus amples renseignements sur le modèle de la GCM,vous pouvez consulter notre Foire aux questions

Karen Wirsig est coordonnatrice des communications de la Guilde canadienne des médias.

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