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Lock-out au Journal de Montréal : Quebecor récidive

Si vous êtes journaliste, écrivain, musicien ou producteur québécois, vous connaissez Quebecor… que vous le vouliez ou non. Et si vous êtes un consommateur de produits culturels, vous êtes presque à la merci de cette entreprise. Car Quebecor est un véritable poids lourd. Cette entreprise est propriétaire du quotidien le plus vendu au Québec, le Journal de Montréal, et du Journal de Québec ainsi qu’une foule d’hebdomadaires, une multitude de revues, le câblodistributeur Vidéotron, le plus important réseau privé de télévision, TVA et le site Web, canoë.ca. Quebecor possède aussi Archambault qui est un distributeur de musique, de livres et une chaîne de magasins de CD.

Et si vous êtes un travailleur dans cet empire, prenez garde ! Quebecor ne vous valorise pas beaucoup. La preuve ? Le 24 janvier 2009, l’entreprise a encore une fois procédé au lock-out d’un groupe de ses employés. Cette fois, c’est au tour des 253 travailleurs du Journal de Montréal. Peut-être vous souvenez-vous qu’il y a moins de 6 mois, leurs collègues au Journal de Québec retournaient finalement au travail à la suite d’un lock-out de 17 mois après s’être entendu avec son employeur maladroit.

Comme lors du conflit à Québec, Quebecor continue de produire son journal en remplissant ces pages de textes provenant du site canoë.ca, de textes de nouvelles de TVA, de textes de La Presse canadienne et de textes de ses chroniqueurs pigistes qui ne sont pas syndiqués. Et pour tourner le fer dans la plaie, la mise en page du quotidien est faite à l’édifice du Sun, propriété de Quebecor, à Toronto.

Entre-temps, les employés en lock-out ont décidé de démentir les affirmations de Québécor : ils sont des enfants gâtés et démodés, ils gagnent trop d’argent et ils refusent d’entrer dans le 21e siècle en acceptant la création d’une version électronique du journal. Quelques heures après le déclenchement du conflit, les employés lançaient le www.ruefrontenac.com, un site de nouvelles en ligne qui porte le nom de la rue où se trouve l’immeuble du Journal de Montréal. Vous devriez y jeter un coup d’œil. De toute évidence, ils savent ce qu’ils font.

Les travailleurs cadenassés disent que ça fait des années qu’ils supplient Quebecor de lancer une version électronique du Journal de Montréal sur son propre site Web. Mais l’entreprise a préféré tout miser sur son site canoë.ca. La direction cherche plutôt à prendre du contenu de ce site (où les travailleurs ne sont pas syndiqués) pour le mettre dans le journal. Les travailleurs du Journal ont dit : « pas question ». Ces derniers permettent que leurs écrits se retrouvent dans d’autres publications appartenant à Quebecor, mais ils ne veulent pas que leur journal soit bourré d’articles produits par des gens de l’extérieur de leur unité de négociation. Ils croient que le journal qui a le plus fort tirage de la province mérite d’avoir son propre site Web qui porte le même nom que le quotidien et que leurs articles remplissent ce site.

Au sujet de leurs soi-disant très généreuses conditions de travail, les employés font remarquer que l’échelle salariale des journalistes est de 44 000$ à 84 000$ (après 10 ans de service). C’est loin d’être mirobolant ! Cependant, ils affirment travailler beaucoup d’heures supplémentaires car la direction préfère garder un effectif réduit par rapport à tout le travail qu’il y a à accomplir. Cette situation augmente les coûts de main-d’œuvre. En ce qui a trait à leurs avantages sociaux, ils ont été acquis au fil du temps à la suite de négociations avec une entreprise rentable. Les syndiqués estiment que le journal a encaissé des profits de 50 millions de dollars en 2008

Pour de plus amples renseignements sur le conflit, cliquez ici.

Montréal est le théâtre d’une guerre de propagande, une guerre que les employés semblent en train de remporter. Un sondage IpsosDescarie auprès d’internautes québécois rendu public au début du mois de mars révèle que les deux tiers des Québécois appuient les employés cadenassés.

L’entreprise serait-elle victime de son propre succès ? Après tout, les grands empires médiatiques sont beaucoup dans l’actualité dernièrement car ils ferment des stations de télévision et qu’ils mettent des travailleurs à pied. Il semble de plus en plus évident que le modèle « plus c’est gros, plus c’est bon», tel que prôné pendant les années de vaches grasses, est devenu un obstacle pour les Canadiens qui veulent avoir accès à de l’information et des émissions locales. Certains ont pu, à un moment donné, leur accorder le bénéfice du doute, mais il y a de plus en plus de gens qui se rendent compte que ces structures corporatives sont des entraves à la santé des médias.

En bout de ligne, le public valorise plus que jamais l’information. Dans une entreprise médiatique, ce sont toujours les gens sur le terrain qui développent et qui livrent les nouvelles et leurs analyses. Si Quebecor n’arrive pas à trouver le moyen de travailler avec ses propres employés, les perspectives d’avenir à long terme de cette entreprise ne sont pas très bonnes.

La GCM a offert son appui aux employés en lockout.

Gérard Malo est le directeur des affaires francophones de la GCM.

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