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Lutter contre la culture de la peur dans les médias

Je me suis rendue à l’évidence lorsque je visitais en novembre des membres de la Guilde. Peu importe si nous travaillons à Radio-Canada, à TFO, à La Presse Canadienne ou ailleurs force est d’admettre que la technologie numérique a transformé notre façon de faire notre travail. Tous les postes de travail dans les différentes salles de nouvelles se ressemblent. Plusieurs d’entre nous devons composer avec une nouvelle combinaison de tâches et d’attentes. Il y a moins de démarcations entre les postes. Les pressions causées par le manque de temps, la charge de travail et le changement sont énormes.

Au moment de ma visite automnale, vous avez élu pour une période de 3 ans le nouveau comité exécutif de la Guilde. Vous pouvez en apprendre davantage sur chaque membre de ce nouvel exécutif dans le présent numéro de La Force-G. Il s’agit d’un groupe de personnes intelligentes qui ont tout un éventail d’expériences et d’opinions. Pour ma part, j’ai été réélue sans opposition au poste de présidente nationale. En toute franchise, cette médaille a son revers. C’est pour moi un honneur de vous représenter. Je suis reconnaissante de votre appui, de votre confiance et de la chance de vous servir pour un autre mandat de 3 ans. Mais en l’absence d’une campagne à la présidence nous avons manqué une occasion de discuter de votre syndicat au niveau national.

J’aimerais donc profiter de cette occasion pour vous informer de ce que nous accomplissons comme travail.

Premièrement, je comprend que la Guilde peut vous sembler une entité qui est très loin de votre quotidien, quelque chose qui est bon pour les autres, peut-être un dernier recours en cas de détresse ou de conflit dans le milieu de travail. De plus, dans certains lieux de travail, la direction entretient une atmosphère de peur. Elle fait régner aussi une peur de s’intéresser à votre syndicat.

Presque tous les dirigeants dans l’industrie ont terriblement peur « des changements qui se produisent dans le paysage médiatique » comme s’il s’agissait d’une horreur qui vient d’ailleurs. (Ce même discours est récité par les dirigeants de CBC/Radio-Canada, de CanWest Global et de TVOntario qui ont tous recours à ce genre de jargon insipide). Leur propre peur se traduit de plusieurs façons. Vous recevez donc un message imprégné d’incertitude. Votre petit doigt vous dit que si vous voulez garder votre emploi tant convoité, c’est une bonne idée de ne pas causer de remous.

En tant que présidente de votre syndicat, j’ai un conseil à vous donner : n’ayez pas peur ! Nous avons tous du chemin à faire pour surpasser nos craintes. Tout d’abord, les lois du travail nous sont favorables. Le plus nous ferons preuve de solidarité, le moins le syndrome de la peur va jouer contre nous, ce qui nous rendra d’autant plus efficaces. Il ne faut pas croire que les superviseurs détestent instinctivement les syndicats. Les directions veulent tout contrôler afin de mieux gérer leur propre peur quant à l’avenir de l’industrie. C’est pour cette raison que le syndicat travaille aussi fort à créer des emplois permanents. Nous voulons contrer la notion qui dit que l’industrie des médias évolue à une telle rapidité qu’elle va s’évaporer. Ce n’est pas le cas.

La récente décision d’un arbitre au sujet de comment le personnel de l’émission Gill Deacon à la CBC était employé en est une preuve. Cette décision en faveur des employés traités injustement n’aurait pas été possible si certains individus, plusieurs à leur premier « vrai emploi », ne s’étaient pas levés pour dire la vérité. Même si cette émission est disparue du petit écran, les emplois existent toujours. Plusieurs de ces mêmes individus travaillent maintenant ailleurs à la CBC.

La Guilde est dans une position unique pour composer avec les événements qui se produisent au travail. Le Comité exécutif national, que je préside, est structuré afin que les dirigeants de toutes les sous-sections (Radio-Canada, La Presse Canadienne, TFO, TVO, Reuters, Alliance Atlantis, S-Vox, les pigistes, APTN) se rencontrent 3 fois ou plus par année. Ainsi nous prenons le pouls de toute l’industrie des médias, des défis auxquels nous devons faire face et comment nous pouvons améliorer la vie professionnelle des journalistes, des techniciens, des vendeurs de publicité ou du personnel des archives. Lors de notre dernière réunion, nous avons créé une sous-section réservée à la radio privée parce que nous venons récemment de syndiquer les employés de CJRC à Gatineau, une station d’informations du réseau Corus.

Toutes ces sous-sections ont leur propre comité exécutif qui s’occupe des questions relatives à leur lieu de travail, comme à Radio-Canada ou à TFO. Mais de plus en plus, ce qui se passe dans un endroit se produit aussi dans les autres. Une des questions les plus urgentes à régler est celle de la charge excessive de travail à cause de la convergence entre les différentes plates-formes médiatiques.

L’année 2008 sera marquée par le congrès de la Guilde. C’est lors de ce rassemblement que 200 délégués (vous pourriez en devenir un) donneront un mandat à leur syndicat. Il y a deux ans, les délégués ont voté en faveur du déménagement du bureau national dans un immeuble accessible aux personnes handicapées et que le prochain agent administratif embauché par la Guilde provienne d’un groupe sous-représenté et qui serait affecté principalement aux questions d’équité. Nous venons de déménager et nous prenons l’engagement de procéder à cette embauche même dans un contexte de restrictions financières.

Alors n’attendez pas au congrès. Prenez une question qui vous tient à cœur et incitez-nous à nous en occuper. Faites maintenant de ce syndicat, votre syndicat.

Lise Lareau est la présidente nationale de la Guilde canadienne des médias. Elle a été élue sans opposition cet automne pour un mandat de 3 ans.

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