La diversité a été la question la plus importante à l’ordre du jour lors du congrès du Syndicat des communications d’Amérique (Communications Workers of America), le syndicat auquel est affiliée la Guilde canadienne des médias. Il s’agissait de la 69e rencontre annuelle. Le sujet de la diversité était de mise étant donné que les dirigeants syndicaux s’étaient donné rendez-vous dans la ville la plus cosmopolite du monde. Le congrès a eu lieu les 16 et 17 juillet dernier à Toronto.
Au coeur des discussions : le manque de diversité au sein du comité exécutif du SCA, un syndicat où 4 membres sur 10 sont des femmes et où 2 membres sur 10 proviennent de diverses communautés culturelles. Mais ce comité de 19 personnes est composé de seulement 4 femmes et d’un homme noir. La résolution devant l’assemblée voulait ajouter 4 personnes des groupes qui sont sous-représentés au comité. Il s’agit de postes avec un droit de vote et une voix au chapitre lors des prises de décision. Mais ces postes ne prévoient pas un salaire à temps plein comme les autres postes du comité.
Certains étaient inquiets que cette question soulèverait une controverse et ne serait pas adoptée par l’assemblée. Mais cette proposition a reçu un immense soutien. La manifestation d’un si grand appui a été éducatif.
Lors des congrès du SCA, il y a traditionnellement deux micros sur le plancher de l’assemblée, un pour les gens en faveur d’une motion, un autre pour les gens contre. Lorsque le temps est venu de discuter de la question de la diversité, il y avait tellement de membres en faveur de la motion que la file d’attente derrière le micro « pour » faisait le tour de l’énorme salle.
Le slogan du camp du oui demandait : « Si ce n’est pas pour maintenant, c’est pour quand ? » Lors du vote, la réponse fut : « Oui, le temps est venu.» Pour la première année, le comité exécutif va nommer les 4 nouveaux membres. L’an prochain, ils seront élus. Pour plus de renseignements au sujet des nominations, visitez le site du SCA au http://www.cwa-union.org/. (En anglais).
Le congrès du SCA est la preuve que la démocratie est bien vivante au sein du mouvement syndical. Comme les autres participants, j’ai dû me faire élire par les membres de la Guilde pour assister à l’assemblée qui se tenait de l’autre côté de la rue de mon lieu de travail, le Centre canadien de radiodiffusion de Toronto.
La délégation de la GCM (de gauche à droite): Scott Edmonds, Lise Lareau, Greg Taylor, Michael D’Souza, Barbara Saxberg, Marc-Philippe Laurin
Une autre des questions à aborder lors du congrès était les appels de certains membres à porter des griefs en arbitrage; des cas où des syndiqués croyaient que leur employeur avait violé la convention collective mais où le syndicat ne voulait pas mener le combat. Dans deux des trois cas soumis à l’assemblée, les représentants ont voté contre leurs dirigeants syndicaux et les griefs ont été soumis à l’arbitrage. Comme lors du vote sur la question de la diversité, les gens ont fait la file derrière les micros « pour » et « contre » pour exprimer leur point de vue. Les questions provenant de la salle étaient pointues et serrées, mais toujours sans rancune. Ainsi, les décisions prises à la suite de ce débat étaient basées sur des informations intelligentes.
Le congrès a aussi discuté des différences fondamentales entre le mouvement syndical américain et le mouvement syndical canadien. Au Canada, un travailleur sur trois est membre d’un syndicat; aux États-Unis, la proportion se situe autour de huit sur cent. Ici, nous tenons le système public de santé pour acquis malgré nos plaintes sur ces ratés. Chez nos voisins du Sud, les avantages sociaux relatifs à la santé sont des questions qui sont chaudement disputées lors des négociations de convention collective.
Malgré nos divergences d’opinions, la rencontre de Toronto a confirmé que nous travaillons ensemble pour rendre nos milieux de travail encore meilleurs et encore plus sécuritaires en plus de s’assurer que nos salaires sont justes et équitables.
Michael D’Souza est un réalisateur aux nouvelles à la télévision de la CBC et directeur des Droits de la personne, de la diversité et de l’équité à la sous-section de CBC/Radio-Canada.