Sommes-nous tellement blasés, en matière de mises à pieds importantes et de fermetures de services complets à la CBC, qu’il est maintenant acceptable de les annoncer dans une « mise à jour »? Et pourquoi la confirmation de la fermeture du service de design de CBC-TV ne devrait-elle intéresser que les employés de Toronto?
C’est peut-être la première fois que vous en entendez parler, mais c’est un triste moment pour la CBC.
Jeudi, la direction de CBC a publié un maigre courriel de quatre paragraphes intitulé « Mise à jour au sujet du Centre de production de Toronto » (Toronto Production Centre Update), qu n’a été diffusé qu’aux environs du Centre de diffusion de Toronto. Le message annonçait que la CBC va réaliser son projet de fermer le service de design du Centre de production de Toronto à la fin mai, éliminant de ce fait 49 postes. À titre de renseignement, 15 emplois seront également éliminés dans plusieurs autres services.
Voici ce que la « mise à jour » n’a jamais expliqué :
La fermeture du service de design va entraîner la perte de la capacité de la CBC de produire des émissions de télé à l’interne. Regardez les catégories d’emplois touchées, dont certaines seront éliminées en bloc : peintre décorateur, technicien en effets spéciaux, constructeur de décors, charpentier, concepteur, décorateur de plateau, maquilleur/coiffeur, créateur de costumes, technicien en diffusion (surtout au niveau de l’éclairage), et adjoint senior de radio et de TV. Les gens qui occupent ces catégories d’emploi sont les créateurs du « look » de ce que vous regardez à la télévision de CBC. Leurs compétences seront perdues à jamais pour le diffuseur public.
La CBC peut considérer cette fermeture une « mise à jour » parce qu’elle l’a tout d’abord annoncée au printemps dernier. Après des pressions de la part de la Guilde – et, à ce qu’on nous a laissé entendre, également de l’intérieur de la CBC – en vue de sauver le service de design, la CBC a convenu d’en retarder la fermeture jusqu’au 31 mai de cette année.
Ce que nous avons reçu hier n’était pas une « mise à jour ». C’était la première confirmation publique que la CBC va réellement cesser de produire ses propres émissions de télévision. La direction de la CBC a rejeté d’emblée une proposition de la Guilde qui aurait permis aux employés de créer une coopérative, afin de continuer d’offrir dans les locaux de la CBC les services dont le diffuseur a besoin.
La même « mise à jour » annonçait également que 15 autres employés du Centre de production de Toronto vont recevoir un avis de personnel excédentaire. Ici encore, remarquez bien le genre d’employés touchés : deux techniciens superviseurs, deux agents d’ordonnancement, deux vidéographistes, deux générateurs de caractères, un machiniste superviseur, un technicien en diffusion et un réalisateur associé. Figurent aussi sur la liste deux superviseurs de longue date représentés par l’APS.
Le message courriel passe sous silence les contributions importantes de ce groupe établi depuis longtemps, et n’exprime aucun regret. Il explique par contre que la direction de la CBC va s’efforcer de réaliser autant que possible une «transition sans heurt tout au long de cette période de changement ».
Je sais que les mises à pied sont chose courante à la CBC. Je sais aussi que nous, à la Guilde, ferons tout en notre pouvoir pour que ces 15 personnes reçoivent l’argent qui leur est du ou puissent exercer leur droit de supplantation, selon leur préférence. C’est tellement devenu une fichue routine.
Mais en sommes-nous réellement au point où nous ne pouvons plus nous tenir debout et dire tout haut qu’il sera triste, très triste, de voir nos collègues et amis passer la porte? Ne devrions-nous pas être horrifiés du fait que la CBC doit recourir chaque année à de telles mesures? Ce n’était pas une « mise à jour ». La note de service d’hier est symptomatique de quelque chose de bien plus grave, à savoir que les responsables de la CBC sont tellement préoccupés par les résultats financiers que personne ne semble touché lorsque les artisans talentueux et créatifs qui sont à l’origine des émissions inédites de CBC (vous vous en souvenez?) sont perdus à jamais.
Lise Lareau
Présidente nationale