Un autre février mortel vient de passer dans le monde du film et des productions télévisuelles en Amérique du Nord. Sarah Jones, 27 ans, assistante-réalisatrice, a été tuée sur un lieu de tournage dans un dépôt de rails de la Géorgie le 20 février, un an après que le réalisateur de téléréalité de 30 ans, John Driftmier, ait été tué dans un accident d’avion sur un tournage au Kenya. Février 2013 était également le mois où le cameraman de 46 ans, Darren Rydstrom, et deux autres personnes ont été tués dans un accident d’hélicoptère au cours d’un tournage d’une téléréalité en Californie.
Ces événements tragiques ont attiré l’attention sur les dangers de travailler dans le domaine des productions télévisuelles et cinématographiques. Les syndicats et les travailleurs de la production en Amérique du Nord encouragent leurs membres et collègues à suivre les protocoles de sécurité et à dénoncer les situations dangereuses.
Mais pour les personnes travaillant sur des productions non syndiquées, ce qui inclut pratiquement toutes les émissions de télévision factuelles, se prononcer durant la production ne semble pas être une véritable option.
La Guilde s’est adressée aux gens de l’industrie de la télévision factuelle au sujet de leurs expériences de travail hasardeuses et la réalité est profondément troublante. Ce n’est souvent pas clair de savoir qui est responsable de la sécurité et de connaître les dispositions de sécurité lors d’une production. Des rencontres n’ont pratiquement jamais lieu avec l’équipe pour discuter et de se préparer aux dangers possibles, et la formation en terme de sécurité est inexistante. Les vétérans de l’industrie dont les compétences sont en forte demande, et qui ont souvent appris les questions liées à la sécurité en travaillant à des postes syndiqués peuvent parfois dire non. Mais plusieurs travailleurs ayant osé parler nous ont dit qu’ils ont par la suite été ignorés ou, pire, renvoyés.
Les risques de sécurité les plus communs peuvent sembler anodins, mais peuvent entraîner des blessures sérieuses, voire la mort :
– prendre le volant après de longues heures de travail
– de l’équipement de sécurité inadéquat
– le manque de planification et de communication.
Dans l’enquête menée par la Guilde canadienne des médias l’été dernier, 31 % des travailleurs de télévision factuelle ont déclaré travailler dans des situations
qui sont dangereuses, tandis que 37 % ont été témoins de situations qui étaient dangereuses pour les autres. Pour les travailleurs qui doivent se rendre sur les lieux de tournage, les chiffres sont beaucoup plus élevés : 54 % ont travaillé dans des situations qui se sont avérées être dangereuses et 59 % ont été témoins de situations qui étaient dangereuses pour les autres. Parmi ceux qui ont exprimé leurs préoccupations au sujet des conditions de travail à quelqu’un en position d’autorité, 37 % ont déclaré avoir l’impression d’être ciblé pour s’être exprimé.
Nous préparons actuellement un rapport sur la sécurité pour les producteurs ainsi que pour les gouvernements provinciaux et fédéraux qui sont partenaires de l’industrie en tant que bailleurs de fonds et organismes de réglementation.
La Guilde continue de recueillir des témoignages de travailleurs en vue d’apporter des changements systémiques qui améliorent la sécurité dans l’industrie de la télévision factuelle. Vous pouvez écrire, en toute confiance, à Karen Wirsig (karen@cmg.ca) ou appelez 416 578-1651. Nous protègerons l’identité de ceux qui partageront leurs histoires avec nous.
Écoutez une entrevue à l’émission de Q de CBC avec s laquelle Peter Driftmier, le frère de John et la conseilllère principale pour la syndication a la GCM, Karen Wirsig.