Par Steph Guthrie
Avec le scandale qui frappe la Banque Royale du Canada (RBC), les travailleurs du domaine des technologies de l’information discutent de plus en plus franchement de l’impartition, de la délocalisation et des permis de travail temporaires.
D’après un rapport publié récemment par IDC Canada (en anglais), le pourcentage d’entreprises canadiennes qui délocalisent les emplois a doublé depuis 2008. Le quotidien Toronto Star pour sa part rapporte qu’en tout, les employeurs canadiens versent 15 milliards $ pour des services d’impartition dans le domaine des TI. Le cinquième de ce montant va au travail effectué à l’extérieur du Canada. Et le phénomène ne se limite pas aux emplois dans les TI, puisque les professionnels de l’informatique figurent en tête des emplois susceptibles d’être délocalisés selon un tableau dressé par la United States Bureau of Labor Statistics en 2008.
Si les entreprises délocalisent des emplois c’est pour économiser de l’argent, on s’entend tous là-dessus. Lorsqu’elles recourent au « Programme des travailleurs étrangers temporaires » (PTET) élargi, c’est bien pour les mêmes raisons, et la démarche de la Banque Royale du Canada dans le cas qui fait les manchettes s’inscrit de toute évidence dans cette optique. Mais au-delà de ce cas précis, la chercheure torontoise Salimah Valiani montre à quel point la pratique est en réalité fort répandue dans un article publié sur Rabble:
En tout, 9 989 permis de travail ont été accordés à des ingénieurs immigrants travaillant dans des entreprises en Ontario, dont 2 351 permis en 2006, le nombre le plus élevé. D’autres données de Citoyenneté et immigration Canada indiquent que 45 628 ingénieurs formés à l’internationale ont immigré à Toronto comme résidents permanents entre 2000 et 2005. Or en 2005-2006, seulement 2,5 pour cent de nouveaux venus étaient employés à Toronto à titre d’ingénieurs.
Mme Valiani soutient que ces chiffres démontrent que lorsque les employeurs prétendent recourir aux PTTE parce qu’il ne trouvent pas les travailleurs dont ils ont besoin au Canada, ils ne sont pas sérieux.
Vous aurez remarqué que les données citées par Mme Valiani datent d’il y a dix ans. C’’est qu’il est impossible de trouver des chiffres plus récents sur les tendances en matière d’impartition et de délocalisation dans le domaine des TI au Canada.
Comment cette tendance se manifeste-t-il dans votre lieu de travail ou chez votre ancien employeur ? L’impartition, la délocalisation, les permis de travail temporaires sont-elles des pratiques courantes dans votre quotidien ? Partagez votre expérience ! Avec les compressions à Statistique Canada, il se peut que vos témoignages offrent le meilleur moyen de savoir ce qui se passe réellement.
Steph Guthrie est l’animatrice de l’Espace MédiaTech. Animatrice Internet, Steph est également féministe à plein temps. Vous pouvez la joindre dans l‘Espace MédiaTech en vous abonnant ici. Déjà inscrit-e ? Connexion ici.