Le Canada va célébrer au mois de février la contribution de ses citoyens d’origine africaine à ce pays. On ne peut pas raconter l’histoire de notre pays sans faire connaître et sans reconnaître la façon dont les Canadiens d’origine africaine ont défriché, bâti et cultivé la terre, la façon dont ils ont peiné dans les usines, la façon dont ils ont contribué à l’effort de guerre. Ils ont aussi érigé des communautés voisines de celles de descendants européens.
La présence d’individus d’origine africaine au Canada remonte à 1603 alors que les premiers établissements voient le jour. Cette réalité historique est bien mal connue. L’histoire de notre nation est liée inéluctablement à l’histoire des Canadiens d’origine africaine. Mais leurs histoires personnelle et collective ne sont pas connues tout simplement parce qu’il existe encore des injustices dans notre culture. Le Mois de l’histoire des Noirs se veut un moyen de combler ce manque de connaissances en informant les Canadiens de la riche histoire qui est notre héritage et de la célébrer.
Nous voulons souligner l’apport de gens comme Anderson Abbott. Il est devenu le premier médecin noir de l’histoire du Canada. Il a eu une brillante carrière ici et aux Etats-Unis. Il a même traité le président mourant, Abraham Lincoln. Il est ensuite revenu s’établir à Chatham, en Ontario pour devenir le coroner du comté de Kent. Nous voulons aussi souligner l’apport de Mary Ann Shadd, qui a publié un journal appelé le Provincial Freeman à Toronto. Elle écrivait sur des sujets comme le racisme, les droits de la personne et l’égalité des femmes bien avant que ces sujets soient à la mode. Elle est ensuite déménagée aux Etats-Unis où elle est devenue la première femme noire à exercer la profession d’avocate. Nous commémorons l’histoire de Viola Desmond, le pendant canadien de Rosa Parks. En 1946, Madame Desmond avait pris place dans une salle de cinéma à New Glasgow, en Nouvelle-Écosse, sans savoir que son siège était réservé aux Blancs. Cet incident avait déclenché une contestation des lois ségrégationnistes de la province jusqu’en Cour suprême du Canada.
La communauté d’Africville, en Nouvelle-Écosse, a longtemps été reconnue comme un des premiers établissements libres de gens d’origine africaine au Canada. Mais il y en avait plusieurs autres en Ontario et dans d’autres provinces bien avant le mouvement d’émancipation des esclaves noirs américains. Des villes comme Buxton, près de Chatham, en Ontario, étaient en 1849 des communautés prospères et un des arrêts sur le chemin de fer clandestin. Il y a aussi une histoire de communautés oubliées, comme Wintermute, situées le long de la rivière Grand, près de Kitchener, en Ontario. Cette communauté était composée d’anciens esclaves venus au nord en 1783 avec les Loyalistes de l’Empire-Uni. Ce groupe avait l’admiration des Iroquois des Six Nations. Il a reçu des terres afin de bâtir une grande ferme collective. Il vaut la peine de se souvenir de ces histoires de solidarité entre les différentes communautés qui ont contribué à bâtir ce pays, car nous en avons bien besoin.
Des milliers de Canadiens d’origine africaine ont peiné sans aucune reconnaissance. Ils ont contribué à faire du Canada le pays moderne qu’il est aujourd’hui, où l’égalité et les droits de la personne sont importants et où le multiculturalisme et une société diversifiée sont enchâssés comme des valeurs fondamentales du Canada. En tant que travailleurs de l’industrie des médias, nous documentons l’histoire au quotidien et il est important de se souvenir des histoires qui ont été oubliées.
Terri est une agente administrative de la Guilde. Elle est affectée au dossier de l’Équité et des droits de la personne.