Je me souviens du premier congrès de la Guilde auquel j’ai assisté. C’était à Ottawa après la grande fusion des syndicats. J’étais heureux de revoir autant de mes anciens collègues que j’avais connus lors de mes affectations dans diverses stations de Régina à St-John’s. Le weekend s’annonçait comme un agréable retour en arrière. Mon régime à faible teneur en calories allait certainement prendre le bord. M’enfin, revenons à nos moutons.
Ce qui m’a littéralement laissé bouche bée était ma complète ignorance des règles et procédures du congrès. J’étais là, entourée par des gens qui faisaient la queue pour faire une «demande de vote» ou qui se levaient afin d’exiger une « motion d’ordre » ou encore qui amendaient l’amendement au fur et à mesure que nous passions au travers de l’ordre du jour.
Est-ce que j’étais la seule personne confuse ? Je n’osais pas dire un mot de peur d’amender involontairement un amendement, de proposer une « motion de renvoi » alors que je voulais simplement un verre d’eau ou de réclamer un « point d’information » même si je n’avais rien à dire. Je me dois de reconnaître le savoir-faire de deux jolies jeunes novices de Vancouver qui, à la suite d’une session particulièrement assommante, se sont emparées du micro pour réclamer une « demande de vote » à tout les 5 minutes.
Je sais maintenant qu’elles ne voulaient qu’une pause pipi. Je crois bien que je somnolais pendant que tout le monde étudiait le Code de règles de procédures Roberts. Mais de quoi s’agit-il au juste ?
J’ai trouvé récemment la réponse à cette question lors d’une session d’information donnée par le Conseil du travail de Toronto et de la région de York. La militante syndicale, Stacey Papernick, a distribué au groupe présent le Code de règles des procédures Roberts. Il est utilisé par plusieurs syndicats et autres organisations pour gérer leurs réunions.
Il existe 10 procédures qui sont très chères à notre ami Roberts. De formuler une proposition (mettre de l’avant une idée que vous voulez faire adopter par l’assemblée), débattre la proposition (le débat pour et contre cette idée), proposer des amendements (améliorer cette idée), juger une intervention hors d’ordre (le président de l’assemblée agit de la sorte si la personne qui parle s’est écartée du sujet), « demande de vote » (mettre fin au débat et passer au vote), faire une « motion d’ordre » (s’objecter lorsque quelqu’un viole les règles de procédures), faire une proposition déposer sur le bureau (proposer un délai dans le vote) et faire un point d’information (lorsque vous voulez plus d’informations).
Enfin, je peux me lever et avoir de l’influence lorsque la situation l’exige et pas seulement quand j’ai envie de me choisir une pâtisserie.
Cette année à Calgary, en plus d’imiter Ralph Klein, c’est-à-dire boire à outrance et parler de politique, je vais être heureux de faire la queue pour apporter des amendements aux propositions de mes collègues avec le sentiment, cette fois-ci, de savoir exactement ce qui se passe autour de moi.
Carmel Smyth est vice présidente de l’exécutif local de la Guilde à la CBC/SRC à Toronto.