La fille d’un député de l’Assemblée nationale du Québec est arrêtée, détenue puis comparaît de nouveau afin de déterminer si elle pourra être remise en liberté. Ce matin là, je suis affectée à la couverture.
La cause se joue dans un climat de tension sociale et les faits reprochés s’incrivent tous dans le contexte du conflit étudiant qui sévit depuis plus de 100 jours au Québec.
La jeune femme, Yalda Machouf-Khadir, fille du député de Mercier Amir Khadir, seul représentant de Québec solidaire au parlement à Québec, est âgée de 19 ans. Mardi matin, le 12 juin, elle fait une entrée rapide dans le box des accusés. Sa mère, sa jeune jeune et sa grand-mère son dans la petite salle d’audience.
Rien de particulier. Pas de débordement. La remise en liberté est accordée en vertu de nombreuses conditions, le versement d’une caution de 2000$ et un engagement d’un tiers de 10000$. Tous les détails, les commentaires de la juge, des procureurs de part et d’autre, de la mère et de la grand-mère sont repris dans mon texte, ici.
Nul besoin d’en ajouter, il me semble. Le battage médiatique tient, oui, au fait qu’elle est la fille d’un personnage public, mais également parce que l’accusée n’en est pas à sa première infraction. Arrêtée sur le pont Champlain après avoir bloqué cet axe en pleine heure de pointe et sur le pont Jacques-Cartier dans le même dessein quelques semaines plus tard, elle est aussi soupçonnée d’être entrée par infraction dans le bureau de l’ancienne ministre de l’Éducation.
La cause a été suivie. Comme l’ont été celles des autres personnes arrêtées dans les quelques débordements qui ont eu lieu dans le conflit étudiant jusqu’ici. J’avais notamment traité, aussi, cette autre nouvelle impliquant quatre jeunes soupçonnés d’avoir paralysé le métro de Montréal avec des bombes fumigène. Là encore, caution importante de 3000$ et engagement d’un tiers pour 7000$.
Personne ne m’avait accusée d’être sensationnaliste pour cette autre histoire.
D’où mon étonnement. D’où aussi cette impression de toujours se trouver sur une mince ligne, celle où peu importe ce que l’on écrit, avec la plus grande neutralité et la plus grande objectivité, quand dans l’oeil du lecteur il doit y avoir mauvaise foi, mauvaise foi il y a.
Je rappelle néanmoins ce qu’est le sensationnalisme, qui consiste à dramatiser certains événements par le choix du titre, du vocabulaire, de la photo. Le terme «sensationnalisme» mise essentiellement sur les émotions du public.
Dans le cas présent, il ne s’agit que d’un reportage sur une cause au palais de justice de Montréal, qui certes implique la fille d’un élu. Mais dans tout ce texte, le lien de filiation de l’accusée se résume qu’à une chose : un élément de background et non la pièce maîtresse de l’article, ce qui aurait pu constituer un texte sensationnel.
Lise Millette est membre de la Guilde canadienne des médias