La libre circulation de l’information destinée à la presse et aux radiodiffuseurs au Canada repose sur deux principes, soit l’interdiction sur la participation croisée dans le secteur des médias et la préservation de l’agence nationale de presse bilingue, selon le mémoire déposé par TNG Canada au comité du Sénat qui examine la concentration des médias.
TNG Canada est le parent syndical de la Guilde canadienne des médias, qui compte parmi ses membres les employés de la Presse Canadienne/NTR. TNG Canada représente également les employés de plusieurs journaux de CanWest. Deux membres de la Guilde, Scott Edmonds (PC/NTR) et Arnold Amber (CBC/SRC) ont fait partie de l’équipe qui a développé le mémoire.
« D’autres présentations faites devant ce comité ont réaffirmé notre conviction qu’une agence de collecte de l’information coopérative et prospère, à l’oeuvre partout au pays pour le bien-être mutuel des membres, mais indépendant du patronat, est un élément important d’un discours ouvert et de la libre circulation de l’information que demandent les Canadiens de la part de leurs médias », affirme le mémoire.
TNG a demandé que le comité, présidé par la sénatrice Joan Fraser, recommande des mesures visant à préserver la diversité dans le secteur des médias.
« Nous exhortons ce comité à bien saisir son rôle particulier qui est de pouvoir parler au nom des Canadiens, de mettre un frein à la consolidation extrême et malsaine qui s’est développée récemment, et, du même coup, de devenir un agent de changement. »
Malgré le fait que certains groupes du patronat, tel que CanWest Global Communications, voient d’un œil positif le gel imposé depuis une décennie des droits payés par les membres de la Presse Canadienne, d’autres le jugent nuisible en limitant la capacité de la coopérative de couvrir tout le pays dans son entier.
Le mémoire nie les prétentions des cadres de CanWest sur le bien-être de la Presse Canadienne et fait remarquer qu’un sondage effectué cette année au nom de la Guilde par Viewpoints Research auprès des rédacteurs des journaux et des stations de radio a trouvé que ceux-ci apprécient la PC/NTR mais qu’ils éprouvent des craintes au sujet de son avenir.
CanWest a déjà retiré son journal National Post de la Presse Canadienne et, avec l’aide de sa propre agence de presse, CanWest News Service, il est fort possible que l’entreprise se retirera partiellement, voir complètement de la coopérative. Cette approche serait dévastatrice, selon le mémoire, et CanWest réussirait à limiter encore plus ce que lisent et écoutent les Canadiens.
Le mémoire signale également le rôle particulier de la PC/NTR de fournir des informations au Canada anglais et français dans les deux langues. Ce service, d’une valeur inestimable, ne correspond pas aux intérêts économiques des sociétés privées et disparaîtrait si la PC/NTR n’existait plus.
De plus, TNG Canada recommande une interdiction sur la participation croisée dans le secteur des médias, que l’on pourrait introduire au fur et à mesure que les permis attribués par le CRTC expirent. Le syndicat cherche aussi à limiter à 30 p. cent la part d’auditoire des radiodiffuseurs ou le tirage des journaux contrôlés par une société privée.
À titre d’exemple, TNG Canada décrit les circonstances dans lesquelles ont vu le jour la Presse Canadienne, et son prédécesseur, la Western Associated Press. La WAP est née à la suite des revendications de la part des journaux contre une augmentation des frais de transmission de copie de l’Associated Press imposée par la société de télégraphe, qui appartenait au monopole du chemin de fer. La société voulait en même temps réduire le volume de copie qu’elle transmettait.
« Lorsque les journaux de l’ouest du Canada faisaient face à une crise en 1907, ces entrepreneurs s’opposaient au monopole du chemin de fer. Ce dernier pensait qu’il pouvait augmenter les prix et réduire le contenu canadien sans difficulté. Le monopole du chemin de fer n’a pas pu réussir non plus », souligne le mémoire.