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Trois des quatre partis nationaux indiquent leur engagement à l’égard de CBC/Radio-Canada

par Lise Lareau, blogueuse invitée

En dépit du fait que la CBC/Radio-Canada soit dépendante du bon vouloir des gouvernements pour l’attribution de fonds publics, la question est rarement mise sur le tapis durant les élections. Pourquoi donc ? Eh bien, parce que les autres médias couvrent rarement les enjeux touchant le radiodiffuseur public, qu’ils voient comme un concurrent, et parce que les journalistes de CBC/Radio-Canada en sont empêchés par des sentiments contradictoires se sentant souvent mal à l’aise pour couvrir les problèmes rencontrés par leur employeur. Je suis d’avis que les partis politiques sont bien conscients de cette situation.

Il convient donc de rappeler que trois de nos quatre partis fédéraux ont déclaré, avant l’ouverture de la campagne électorale, qu’ils attribueraient à CBC/Radio-Canada davantage de fonds que ceux dont le diffuseur public dispose actuellement. Les Libéraux, le NPD et le Parti Vert ont tous trois déclaré qu’ils annuleraient la suppression de 115 millions do dollars mise en vigueur par les Conservateurs, et ces mêmes trois partis ont chacun présenté leurs propositions pour accroître l’indépendance et l’autonomie de Radio-Canada à l’égard des gouvernements en place, quels qu’ils soient. Les Conservateurs font exception : après avoir amputé le budget annuel de Radio-Canada de 115 millions de dollars, ils n’ont annoncé aucun engagement à l’égard du diffuseur public.

Ce qui est encore plus encourageant est que, à près de deux semaines du scrutin, il est clair que les Libéraux, le NPD et le Parti Vert souhaitent que les Canadiens sachent qu’ils soutiennent CBC/Radio-Canada et qu’ils voient ce soutien comme susceptible de les conduire à la victoire en cette période décisive.

Le 22 septembre, Justin Trudeau, chef du Parti libéral, a choisi de réviser à la hausse l’engagement initial de son parti d’annuler les compressions de 115 millions de dollars imposées à Radio-Canada, annonçant qu’il octroierait au diffuseur public un nouveau financement annuel de 150 millions de dollars.

Mieux encore : M. Trudeau n’a pas tenté de revenir sur cet engagement une semaine plus tard, au moment où on semblait s’orienter vers une course serrée entre Libéraux et Conservateurs. Interrogé sur la crédibilité du soutien proposé au vu des compressions effectuées par les gouvernements libéraux précédents, M. Trudeau a déclaré « Le Parti libéral est fier d’être un ami de CBC/Radio-Canada »*. Et, a-t-il ajouté : « CBC/Radio-Canada est importante car elle rassemble, elle parle de nous et elle nous incite à nous surpasser sans cesse, et c’est exactement pour cela que le Parti Libéral apportera son soutien à CBC/Radio-Canada. »*

Le NPD est également un fervent défenseur du diffuseur public. Même si la cote de popularité de Thomas Mulcair a semblé baisser quelque peu au Québec, le chef du NDP a choisi de répondre à une question qui lui avait été posée à Montréal sur le thème de la santé en accusant Stephen Harper de cacher son jeu durant les campagnes électorales, citant l’exemple des coupes imposées à CBC/Radio-Canada : « Stephen Harper cache souvent des choses aux Canadiens durant les campagnes électorales… Il n’a jamais dit qu’il allait sabrer dans le budget de Radio-Canada. Et j’ai bien peur que Stephen Harper n’ait l’intention cachée d’entamer la privatisation de pans entiers de notre système de santé… »* De surcroît, le NPD a promis d’empêcher la vente en catastrophe des biens immobiliers de CBC/Radio-Canada.

Le Parti Vert a lui aussi surenchéri sur son engagement initial une fois la campagne électorale engagée. Dans sa plateforme, publiée début septembre durant la campagne électorale, Elizabeth May a promis de restaurer les fonds dont le gouvernement Harper a privé CBC/Radio-Canada et d’investir 168 millions de dollars supplémentaires au cours de la première année, puis de porter le financement de Radio-Canada à 315 millions chaque année suivante.

Il est également intéressant d’observer les réactions provoquées par les critiques à l’encontre de Radio-Canada durant la campagne électorale. En début de semaine, Stephen Harper a été désavoué lorsqu’il a essayé de nier les coupes effectuées par son gouvernement dans le budget de CBC/Radio-Canada, alléguant que si CBC/Radio-Canada était en difficulté, c’était en fait à cause de la baisse de ses cotes d’écoute. Le même jour, Hubert Lacroix, PDG de Radio-Canada, rétorquait aux commentaires de M. Harper, autant que le lui permettait sa fonction, puisqu’après tout c’est le premier ministre qui l’a nommé à ce poste, en disant : « Mais je vais vous dire que ce n’est pas en raison de nos cotes d’écoute que nous vivons des problèmes à CBC/Radio-Canada. » et il a ajouté que ces problèmes étaient dus à un modèle de financement en faillite ».

La viabilité de Radio-Canada en tant que radiodiffuseur public et sa capacité à remplir le rôle qui lui est dévolu est une question sur laquelle la ligne de démarcation entre les partis politiques est nette. Le 19 octobre, le choix des électeurs sera clair. Or, même si trois des quatre chefs de partis se plaisent à parler de cette question, ils ne retiennent pas vraiment l’attention des médias quand ils le font.

Lise Lareau est la vice-présidente nationale de la Guilde 

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