Accueil / Nos lieux de travail / Guilde canadienne des médias / Une campagne menée à Kingston dans le but de redonner au Whig-Standard ses lettres de noblesse

Une campagne menée à Kingston dans le but de redonner au Whig-Standard ses lettres de noblesse

Une vaste initiative publicitaire viendra certes placer le quotidien Kingston Whig-Standard au coeur de l’actualité locale. Jadis vénérée par ses lecteurs, la publication avait été récemment rebaptisée « Sous-Standard », son niveau de qualité ayant passablement chuté. Le message au coeur de la campagne, soit « Make It Great! » (« Élevons notre Standard! ») tapisse la ville sur les panneaux-réclame, les affiches sur les transports en commun, dans les publicités radio, dans divers dépliants, sur le site Web GreatWhig.ca ainsi que sur une page Facebook.

Pierre Karl Péladeau, tête dirigeante de l’empire Quebecor, devra donc faire face au mécontentement exprimé par nombre de lecteurs et annonceurs, qui déplorent le déclin significatif qu’a connu le quotidien sous sa gouverne. Ces gens feront parvenir des courriels ainsi qu’une pétition exigeant que Quebecor « consacre au Whig-Standard les ressources appropriées, afin que Kingston puisse à nouveau bénéficier d’un journal digne de notre belle et grande ville ».

Le directeur adjoint du SCA Canada Martin O’Hanlon a initié ce projet l’automne dernier, et supervise sa mise en oeuvre depuis maintenant six mois. La direction du Kingston Typographical Union (KTU), le syndicat représentant les employés du Whig-Standard, a appuyé l’initiative avec enthousiasme, mettant d’emblée ses instigateurs en contact avec divers leaders et militants locaux qui ont eux aussi donné leur aval à la campagne.

« Il est question ici d’une lutte commune pour réinstaurer des standards élevés de qualité en matière d’informations et d’emplois, et non d’un conflit entre le syndicat et la direction, explique O’Hanlon. Nos efforts visent à ce que tous puissent en profiter. Il nous faut donc convaincre Quebecor que le fait d’investir dans le journal et de s’investir à maintenir des emplois locaux ne peut qu’avoir des retombées positives au niveau du lectorat, des employés, de la démocratie — et des profits. »

Paul Schliesmann, journaliste au quotidien depuis de nombreuses années et vice-président du KTU, affirme de son côté qu’il s’agit d’un ultime effort pour renverser la vapeur. « Ce projet constitue mon dernier espoir pour le Whig-Standard », dit-il.

Comme le souligne le matériel promotionnel de la campagne, il fut un temps où le Whig-Standard comptait parmi les meilleurs quotidiens publiés dans une petite municipalité canadienne. Le journal s’est vu décerner de nombreux prix nationaux pour son journalisme d’enquête. Il proposait nombre d’articles de fond sur divers enjeux propres à la ville de Kingston, tout en étant une plateforme de discussion aux multiples points de vue sur des questions d’envergure locale ou nationale.

Or, au cours des dernières années, et particulièrement depuis que Quebecor en est devenue propriétaire, le niveau de qualité qui jadis faisait du Whig-Standard une grande fierté pour Kingston a chuté de façon spectaculaire — et les lecteurs comme les annonceurs n’en sont que trop conscients.

Les signataires de la pétition, qui sera expédiée tant à Péladeau qu’à l’éditeur du quotidien Ron Laurin, exigeront que « Quebecor consacre au Whig-Standard les ressources appropriées, afin que Kingston puisse à nouveau bénéficier d’un journal digne de notre belle et grande ville. »

Alec Ross, militant de longue date à Kingston qui a énormément à coeur la qualité du Whig-Standard, agit à titre de coordonnateur de la campagne pour le SCA Canada. Un mandat a été confié à une firme locale pour la conception et l’élaboration du site Web, qui comporte notamment des témoignages vidéo livrés par des résidents locaux. Ces derniers font part à leur façon des conséquences des décisions corporatives de Quebecor.

Parmi ces gens, l’on retrouve Rob Baker du groupe musical canadien The Tragically Hip, le président de la University Hospitals Kingston Foundation Richard Kizell, de même que divers enseignants, gens d’affaires, politiciens, auteurs et anciens journalistes au Whig-Standard.

Lawrence Scanlan, anciennement à l’emploi du Whig-Standard, évoque les beaux jours du quotidien tout en manifestant une profonde tristesse pour la tournure des événements. Il compte parmi les nombreux journalistes dévoués à leur travail qui constatent avec désarroi que leur profession, jadis noble, a été passablement ternie par une entité corporative qui tient davantage à véhiculer sa propre idéologie politique qu’à servir les intérêts du public — soit le rôle premier de tout quotidien qui se respecte.

En effet, Sun Media, propriété de Quebecor, a étendu sa politique de droite jusque dans ses quotidiens et autres avenues de diffusion afin d’imposer sa propre vision tout en étouffant les points de vue divergents. Les journaux que possède l’entreprise sont parsemés d’articles qui répandent l’évangile selon Quebecor, tout en effleurant à peine les sujets d’intérêt local qu’ils prétendent couvrir.

La centralisation de divers services tels que les abonnements et les ventes publicitaires ont mené à l’abolition de nombre d’emplois au sein de Sun Media, en plus d’amoindrir le lien de proximité qui unit les publications et les collectivités qu’elles sont sensées desservir.

Ressources pour les membres


Sujets les plus consultés

Scroll to Top