Le 23 octobre, l’organisme Journalistes canadiens pour la liberté d’expression a tenu son gala annuel sous le thème : Une soirée pour célébrer le courage dans le journalisme. Au nom du Syndicat des communications d’Amérique (SCA) Canada et de la Guilde canadienne des médias (GCM), j’ai eu l’honneur de remettre le Prix Arnold Amber de l’organisme Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE) en journalisme d’enquête à Luke LeBrun « qui jette une lumière puissante sur ceux qui sont derrière l’influence croissante des médias d’extrême droite, en mettant des noms et des visages sur ceux qui vivent dans l’ombre », déclare l’organisme CJFE.
Rana Ayyub, journaliste d’enquête indienne et contributrice à la section des opinions mondiales au Washington Post, a été récompensée « pour ses reportages qui demandent des comptes aux gouvernements tout en défendant fermement la liberté de la presse ». Elle a reçu le Prix mondial de la liberté de la presse de l’organisme CJFE.
L’autre lauréate de l’organisme CJFE, la photojournaliste palestinienne Samar Abu Elouf, est une journaliste de guerre. « Depuis plus de dix ans, Samar captive le monde avec ses portraits qui révèlent les dures réalités de la guerre et des déplacements de population, ainsi que des moments de joie et de résilience. Sa plus récente contribution, qui documente la guerre à Gaza depuis le 7 octobre 2023, lui a valu les éloges de la critique, notamment par l’intermédiaire du Prix Anja Niedringhaus du courage en photojournalisme 2024 et du Prix George Polk », déclare l’organisme CJFE.
« Mon travail ne consiste pas à me cacher, mais à photographier. Même lorsque des gens autour de vous crient, se bouchent les oreilles pendant que les missiles tombent et qu’ils essaient de trouver un endroit où se cacher, vous ne baissez pas le visage ou ne cherchez pas à vous mettre en sécurité. Vous vous concentrez sur eux .»
Samar Abu Elouf
Rappelons que depuis le 7 octobre 2023 et ce en date du 5 novembre 2024, plus de 140 journalistes ont été tués à Gaza par l’armée israélienne, selon le décompte réalisé par Reporter sans frontières, dont au moins 34 dans le cadre de leur travail.
Ce qui se passe à Gaza est un rappel du rôle essentiel des journalistes pour faire la lumière sur les atrocités dans les zones de conflit et obliger les responsables à rendre des comptes. La liberté d’expression existe quand il est possible d’obliger ceux au pouvoir à rendre des comptes et est un pilier essentiel d’une société en santé.
Au Canada, nous luttons également, bien qu’à un tout autre niveau, pour notre liberté d’expression. Les journalistes canadiens ne sont pas tués, mais ils sont mis-à-pied et le nombre de médias pouvant publier leurs reportages diminue à un rythme alarmant.
Le travail que vous accomplissez tous et toutes en tant que membres de notre syndicat, lorsque vous portez un t-shirt en signe de solidarité pendant les négociations ou que vous vous présentez pour siéger au comité exécutif de votre unité locale, est essentiel pour cette liberté. En tant que membres du syndicat, nous devons travailler de concert afin de défendre nos droits à un salaire équitable pour un travail équitable dans un monde où les innovations technologiques et les conditions sont en constante évolution.
Pour ne pas être dépassé par l’évolution rapide des innovations technologiques, la GCM s’est associée à des chercheurs de HEC Montréal qui mènent une étude sur l’utilisation de l’IA dans le journalisme. Que vous utilisiez l’IA ou non, que vous l’aimiez ou que vous la détestiez, je vous encourage à répondre au sondage de 20 minutes pour faire connaître votre point de vue et votre expérience de l’IA.
Je suis également fière d’ajouter que la GCM offre une toute nouvelle bourse d’études pour encourager les jeunes Premières Nations, Inuits, et Métis à devenir journalistes et à se joindre à nous pour demander des comptes aux détenteurs du pouvoir.
En toute solidarité,
Annick Forest, présidente de la Guilde canadienne des médias