Voici le scénario : un membre de la Guilde rédige un court article qui est affiché sur un babillard à son travail ou sur le site Web de son syndicat. Le contenu de l’article est basé sur des faits, mais il exprime aussi l’opinion de l’auteur. L’article ne contient aucun nom et aucun détail permettant d’identifier un individu. Quelques minutes après avoir affiché l’article, un gestionnaire l’arrache du babillard et appelle le syndicat le menaçant d’action judiciaire. Devinez où ceci s’est produit ?
Les gestionnaires ont la réputation bien méritée d’être susceptibles. Ils croient que les employés ne devraient pas dire ce qu’ils pensent de leurs patrons parce que les patrons ne peuvent pas critiquer leurs employés sur la place publique. Mais est-ce vrai ?
En fait, si vous êtes le patron, vous n’avez pas à abaisser publiquement vos employés car il y a une multitude d’autres façons de le faire. Vous pouvez leur imposer des charges de travail qui ne sont pas raisonnables. Vous pouvez leur imposer des objectifs de travail qui sont inatteignables. Vous pouvez choisir quel employé vous allez tourner en ridicule et qui fera l’objet de discipline. Après tout, c’est vous le patron. Vous signez les chèques de paie, ce qui vous confère le titre de roi et maître.
C’est pour ces raisons que les syndicats existent dans les milieux de travail. Le but est de contrebalancer le pouvoir des patrons. Les travailleurs se sont servis au cours des années de leur force collective pour obtenir ce que plusieurs personnes tiennent pour acquis comme les normes en matière d’heures de travail, les congés de maternité et les régimes de retraite.
Des lois existent pour protéger les représentants syndicaux afin d’équilibrer le rapport de force. Josée L’Employée n’oserait certainement pas dire à son superviseur qu’elle est traitée de façon injuste. (Peut-être oserait-elle dans ses rêves!) Il est fort à parier qu’elle ferait l’objet de mesures disciplinaires ou qu’elle serait renvoyée.
Cependant, un membre de l’exécutif d’un syndicat a le droit de dire à un employeur que les travailleurs sont traités de façon injuste. La seule condition à respecter : avoir l’information pour appuyer ses affirmations.
Il ne s’agit pas de savoir qui peut dire les pires méchancetés sur le compte de l’autre. Il s’agit plutôt de mettre les faits sur la table et d’encourager les employés à poser des questions. Si les patrons n’aiment pas ce qu’ils entendent, ils ont le droit de présenter leur point de vue. Ça va de soi.
PS. Les événements décrits dans le premier paragraphe se sont déroulés dans presque tous les milieux de travail syndiqués au Canada !
Keith Maskell est un agent administratif de la Guilde canadienne des médias.