Le président de CBC/Radio-Canada reconnaît pour la première fois que l’existence même du diffuseur public est menacée en raison de compressions : « Nous risquons de finir ébouillantés »
Après huit ans passés à mettre en oeuvre des compressions sans précédent à CBC/Radio-Canada – les plus impitoyables en 80 ans d’histoire du diffuseur public, avec plus de 2 000 ou 25 pour cent du personnel mis à pied en cinq ans, sans répit en vue – le président de CBC/Radio-Canada Hubert T. Lacroix affirme maintenant qu’il aurait dû sonner l’alerte plus tôt.
L’aveu soudain de M. Lacroix et sa défense du diffuseur public qu’il n’a pourtant pas cessé de morceler ont été faits non pas dans son arrière-cour où les défenseurs de CBC/Radio-Canada sonnent l’alarme depuis des années, mais lors d’une conférence internationale en Allemagne.
Dans un discours préparé, M. Lacroix a admis que le « plus grand manquement » des diffuseurs publics « est de ne pas avoir parlé suffisamment haut et fort des menaces qui nous guettent » et comme dans « la fable de la grenouille qu’on place dans un récipient d’eau froide chauffée progressivement. Nous n’avons pas dit clairement que nous risquons de finir ébouillantés.”
Les employés de CBC/Radio-Canada seraient certainement d’accord avec ce constat, indique la présidente du plus grand syndicat du diffuseur public : « Si nous reconnaissons sa franchise subite, la réalité est que la température ne cesse de monter et l’eau bouille de plus en plus, déclare la présidente nationale de la Guilde canadienne des médias Carmel Smyth. Au lieu de regretter les années passées à faire des coupes dans le silence, pourquoi M. Lacroix ne s’exprime-t-il pas au Canada plus tôt que de tenter d’empêcher les membres de la Guilde à s’exprimer publiquement en faveur d’un financement stable pour CBC/Radio-Canada ? M. Lacroix pourrait lui-même exprimer son appui à un dialogue public sur cet enjeu. »
Le moment est parfait, en plein milieu d’une campagne électorale lorsque les Canadiens ont besoin de savoir qu’une institution qu’ils chérissent est en train d’être pulvérisée. Faire connaître plus de détails en ce moment pourrait possiblement toucher les électeurs et faire en sorte que le prochain gouvernement verra un financement amélioré pour CBC/Radio-Canada comme étant une priorité.
Isabelle Montpetit, présidente du Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC) se demande si le silence de M. Lacroix’s au Canada est lié à sa relation « réservée » avec le bureau du Premier Ministre étant donné que, tout comme les sénateurs, le président de CBC/Radio-Canada est trié su le volet par le Premier Ministre pour ce poste convoité.
Si nos deux syndicats apprécient la franchise soudaine de M. Lacroix et le fait d l’entendre parler en faveur de la plus importante organisation d’informations au pays, (y compris le fait d’appeler les diffuseurs publics à travailler ensemble pour bâtir une « collectivité mondiale des diffuseurs publics »), nous exigeons plus d’honnêteté.
Étant donné que trois partis politiques fédéraux sur quatre se sont engagés à annuler les récentes coupes budgétaires infligées à CBC/Radio-Canada, si cela se produit M. Lacroix s’engage-t-il dès maintenant à utiliser les fonds pour rétablir des emplois et une fière tradition de production de documentaires primés et de programmation originale ? Sans un tel engagement, nous devons présumer qu’il continuera sur sa trajectoire actuelle, qui consiste à réduire le diffuseur public à un distributeur glorifié de contenu commercial (en grande partie non canadien) acheté à l’extérieur.
[L’allocution intégrale de M. Lacroix se trouve ici : http://www.cbc.radio-canada.ca/fr/centre-de-presse/2015/09/10/
[Les positions de partis fédéraux se trouvent ici :